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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/35

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actuellement un mouvement dans le sens de la création de semblables établissements. De quelle littérature seront-ils alimentés ? Il est bien à craindre que ce ne soit pas de la meilleure. L’Espagnol, en dehors de ses affaires, ne pense qu’au plaisir ; c’est Almaviva courtisant Rosine ; il lit bien quelques feuilles politiques, mais si la littérature exerce une mauvaise influence ce n’est pas le roman, mais le théâtre qui la produit.

L’Espagnol, en effet, aime le théâtre ; il va souvent entendre des drames du répertoire français traduits dans sa langue nationale, et laisse de côté son théâtre national, pourtant le plus riche du monde ; le théâtre populaire ne se compose pas seulement de simples traductions du français, mais aussi d’imitations des pièces populaires françaises. C’est ainsi que tout récemment encore Breton de los Herreros, faisant de 1850 à 1870, ce que Heiberg avait fait en Danemark de 1825 à 1850, a popularisé en Espagne l’esprit et le goût français dans ce que ce dernier présente de moins relevé. On peut dire que dans ces temps modernes la France qui doit les plus belles pièces de son théâtre à l’Espagne lui rend en