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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/42

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Il nous reste à parler de la France, dont par le fait nous n’avons cessé de nous occuper ; c’est là que le mal que nous étudions exerce ses plus désastreux ravages. S’étonnera-t-on de la décadence morale de ce peuple, si l’on songe à la nourriture spirituelle qui lui est offerte ? Comme preuve de cette assertion citons ici les paroles d’un auteur français qui peindra lui-même la situation littéraire actuelle de sa patrie.

« Ceux qui voient dans l’avènement du réalisme un symptôme de jeunesse et de vigueur, dit M. de Laprade, jugent les choses sur l’écorce. L’excès de la couleur qui prédomine aujourd’hui chez les poètes, chez les peintres, chez tous les écrivains et les artistes à la mode, n’est rien de plus qu’une couche épaisse de fard appliquée sur l’intelligence malade. Sous ce blanc et sous ce carmin il n’y a pas de muscles solides ; il n’y a pas de raison, il n’y a pas de pensée. Tout s’agite sur la surface et sur l’épiderme, en dehors de l’esprit même et dans ce que l’homme a de plus extérieur et de moins humain, dans la pure imagination et la substance nerveuse commune à tous les animaux.

« Pour caractériser d’une phrase les arts con-