Aller au contenu

Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
41

temporains, peinture, musique et poésie, roman et théâtre, critique et journalisme, je dirai qu’ils agissent beaucoup sur les nerfs, très peu sur la raison. La sensibilité matérielle et maladive est surexcitée chez nous aux dépens du sens moral et de l’intelligence. L’élément féminin prédomine partout. Nous prenons pour des idées, pour des convictions, pour des enthousiasmes, pour des résolutions de conscience les impressions poignantes de nos nerfs surexcités.

« J’ai là sur ma table une foule de volumes éclatants, célèbres, qui ont fait le tour de l’Europe, qui pénètrent chez nous jusque dans les masses populaires et les enivrent, l’imagination et la sensibilité nerveuse y débordent ; je vois, je sens, je touche tout ce qui est décrit, je souffre physiquement des convulsions qui sont dépeintes et l’odeur de certaines pages agit sur mon estomac de façon à me couper l’appétit, je reste émerveillé de ce talent, stupéfait de cette magie, humilié de mon impuissance à évoquer ainsi la réalité ; jamais pareil enchantement ne mit ainsi la création tout entière à portée de ma main. Je vois et je palpe dans ces pages tout ce qu’il est possible de voir de ses yeux et de pal-