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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/47

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Quand on étudie attentivement le roman et le théâtre contemporains, on comprend facilement qu’ils amènent les faits de perdition morale dont nous allons parler. Pour se mieux rendre compte de l’effet morbide de tel ou tel ouvrage, il faut isoler certains passages du texte, dégager du milieu des déclamations passionnées d’un George Sand ou d’un Eugène Sue les théories dangereuses et les sophismes perfides qui se cachent sous une forme brillante, et l’on comprend alors la corruption répandue dans l’ordre moral par la double voie du roman et du théâtre modernes. Qu’ils soient matérialistes ou sceptiques, les romanciers, païens à leurs heures, n’hésitent pas, à travers un mysticisme plus ou moins nuageux, à se déclarer athées, comme Théophile Gautier qui l’avoue dans sa préface de Fortunio :

« Fortunio, dit-il, est un hymne à la beauté, à la richesse, au bonheur, les trois seules divinités que nous reconnaissions. » Et dans l’ouvrage même : « Moi, athée ! dit Fortunio. J’ai trois dieux, l’or, la beauté et le bonheur. »

Eugène Sue, dans le Juif errant, idéalise tellement le matérialisme que la notion du bien et du mal est tout simplement remplacée par celle