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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/71

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dans la foule, au contraire, c’est le crime qui suit presque toujours les grands crimes. Le meurtre a ses plagiaires. L’art de tuer a ses imitateurs comme l’art de peindre et l’art d’écrire. Un magnétisme affreux, ce que Dante appelle la luxure du sang, se dégage de tout assassinat. Les cerveaux faibles en ont peur. Et le mieux serait de faire silence sur ces abîmes de férocité. Car, en vérité, si tout ce fracas de publicité morbide continue, on finira un jour par se demander ce que c’est que la gloire, — cette gloire qui jaillit au front des grands hommes sous l’aspect d’un rayon, à la face des bandits, sous la forme d’un jet de boue, mais qui en fin de compte n’est que du bruit, de la renommée et du tapage. Si bien que Tropmann est tout simplement un homme plus illustre que Malesherbes et Malesherbes un homme plus vertueux sans doute, mais beaucoup moins connu que Tropmann. »

Aujourd’hui l’annonce criée des journaux est celle-ci : Récit repoussant, détails horriblesRéalité épouvantable. Les marchands offrant ces écœurantes productions n’ont-ils pas été très justement comparés à un boucher qui dirait : « Voyez, prenez ma viande, elle est pourrie et