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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/74

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Déjà les critiques lui refusent le nom de romancier ; en effet, ni Salammbô, qui est après tout une savante étude archéologique où revit l’ancienne Carthage, ni la Tentation de Saint-Antoine, qui est une exposition des hérésies philosophiques et morales des premiers siècles, ne sont à vrai dire des romans et n’excitent à l’intérêt que la triste et sombre histoire de Madame Bovary pouvaient encore éveiller dans le public. De chute en chute, Flaubert a fini par écrire Bouvard et Pécuchet où il se fait l’apôtre du réalisme et attribue à un seul homme toutes les actions stupides et malhonnêtes.

C’était là le dernier mot du réalisme, auquel succéda, dans la personne de M. Zola, le naturalisme avec toute sa crudité ; désormais les sentiments ne sont plus que des sensations, l’homme tout entier n’est qu’une combinaison d’atomes produite par l’action de certaines forces physiques, soumise aux lois de l’hérédité et à l’influence fatale du milieu ; le roman devient de l’histoire naturelle ; l’auteur change sa plume en scalpel et endosse le tablier de l’anatomiste.

On a beaucoup parlé de l’honnêteté de Flaubert dans sa vie privée, de son renoncement, de