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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/75

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son désintéressement ; on est allé jusqu’à vanter les austérités de sa vie d’ermite ; de même pour Zola, on a affirmé qu’il menait l’existence la plus rigoureuse et que c’était sans autre parti pris que celui de moraliser qu’il a fourni un aliment aux appétits déréglés des masses. C’est possible ; mais qu’importent les intentions de l’auteur ; qu’il soit poussé par l’intérêt à flatter les bas instincts du peuple, ou par le simple désir d’innover en littérature, il fait une œuvre déshonnête celui qui, dans le silence du cabinet, consacre son temps et son esprit à composer ces ouvrages infâmes et immondes pour lesquels il n’est pas de flétrissure assez énergique, puisque, bien loin de donner au peuple le dégoût du vice, ils ne servent qu’à le corrompre. Que quelques esprits supérieurs, se sentant assez maîtres d’eux-mêmes et de leurs impressions, étudient à titre de curiosité telle page de Zola, ce n’est pas à ce nombre restreint de lecteurs que ces ouvrages feront du mal ; mais nous pensons à la masse des lecteurs qui, lisant ces ouvrages non en simples curieux pour tâcher de pénétrer la manière d’écrire de l’auteur ou étudier son style, mais en hommes désireux de satisfaire les