Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/112

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d’une odeur très douce. C’est principalement dans les provinces de Tche kiang, de Kiang si, d’Yun nan et Quang si, qu’on en voit des arbres fort hauts ; et c’est dans ces arbres, qui sont de la même espèce que les arbrisseaux, qu’on remarque encore mieux, que les feuilles ressemblent à celles de nos lauriers.

Ces fleurs sont ordinairement jaunes, très petites, et pendent à l’arbre en une si grande quantité de grappes, que quand elles tombent, la terre en est toute couverte : l’odeur en est si agréable que l’air en est parfumé fort au loin. Il y en a qui donnent des fleurs aux quatre saisons. Lorsque la fleur est tombée, l’arbre pousse en assez peu de temps d’autres fleurs ; de sorte qu’on en a très souvent même en hiver.

Il y a encore une espèce de plante, qu’on ne conserve hors des provinces maritimes, qu’avec beaucoup de soin. C’est celle qui porte la fleur nommée lan hoa y ou lan ouey hoa. Son odeur a encore plus d’agrément que celle du mo li hoa ou du kuey hoa ; mais la vue en est moins belle et sa couleur la plus ordinaire tire un peu sur la cire.

Les fleurs les plus doubles et les plus belles à voir, mais qui n’ont nulle odeur, croissent en roses sur des arbres et arbrisseaux, qu’on croirait être une espèce de pêcher et de grenadier. Elles sont d’une couleur très vive, et ne produisent aucun fruit.

Un arbrisseau, qui a encore moins de rapport aux nôtres, est celui que les Chinois nomment à Peking ouen kuang chu : car il a au moins trois noms différents suivant les provinces différentes. La couleur de la fleur est blanche ; mais ses feuilles étant rangées, sont comme une double, et même comme une triple rose. Le calice devient ensuite un fruit de la figure d’une pêche, mais dont le goût est tout à fait insipide : il est rempli dans ses loges de quelques pépins, ou plutôt de semences couvertes d’une peau cartilagineuse et noirâtre.

Les pivoines sont en plusieurs endroits de la Chine, beaucoup plus belles que celles d’Europe ; et, sans parler de la diversité des couleurs, elles ont encore dans quelques endroits cela de singulier, qu’elles répandent une odeur douce et tout à fait agréable. C’est ce qu’on trouve de meilleur dans les parterres de fleurs, où l’on ne voit d’aucune autre espèce de fleurs, qui puisse entrer en comparaison avec nos œillets, nos tulipes, nos renoncules, nos anémones, et autres fleurs semblables.

Dans les viviers faits exprès, et souvent dans les marais, on voit des fleurs que les Chinois estiment beaucoup : ils les appellent lien hoa et les cultivent avec grand soin. Il est cependant vraisemblable que ce sont des fleurs de nénuphar, ou de nymphéa, dont on fait peu de cas en Europe. Pour s’en assurer, il suffit de considérer les feuilles, le fruit, et la tige : mais le soin qu’on en prend, fait que les fleurs sont doubles, et ont même, dit-on, jusqu’à cent feuilles ; les couleurs en sont plus vives et plus variées qu’en Europe. Dans les fleurs simples, comme dans les nôtres, le calice n’a d’ordinaire que cinq feuilles, dont le pistil se grossit en forme de cône, et est partagé dans sa longueur en plusieurs loges, où l’on trouve des fruits fort blancs, plus gros que nos fèves.