diversité de climats. Mais sans entrer dans le détail des différences qu’il y a entre celles de la Chine et les nôtres, ce qui d’ailleurs n’est pas du dessein de cet ouvrage, nous nous contenterons de parler succinctement des plantes estimées les plus utiles, et les plus singulières, au moins de celles qui ont paru telles aux missionnaires lorsqu’ils parcouraient les diverses provinces de ce vaste empire.
Rhubarbe.
La rhubarbe croît en abondance, non-seulement dans la province de Se tchuen, mais encore dans les montagnes de Chen si, nommées Sue chan, montagnes de neige : elles s’étendent depuis Leang tcheou jusqu’à Sou tcheou et à Si ning tcheou ; on en tire une incroyable quantité de ces seuls cantons, où plusieurs fois les missionnaires, en faisant la carte pendant les mois d’octobre et de novembre, ont rencontré des bandes de chameaux chargés de sacs faits en forme de rets de corde pleins de rhubarbe. Les fleurs ressemblent à des campanes découpées à plusieurs pointes. Les feuilles sont longues et un peu âpres, même au toucher. La chair est blanchâtre quand elle est fraîche, et ne prend qu’en séchant, la couleur qu’on lui voit chez les marchands.
Fou ling.
La plante que quelques-uns de nos auteurs ont appelé radix xina et que les Chinois nomment fou ling, est la plus employée par les médecins chinois. Elle croît surtout dans le Se tchuen ; ses feuilles rampent à terre, s’étendent en long, sans beaucoup s’élargir. Les racines au contraire grossissent beaucoup ; et, si l’on en croit les Chinois, il s’en trouve de la grosseur de la tête d’un enfant.
Ce qu’il y a de certain, c’est que soit qu’elle soit grosse, soit qu’elle soit petite elle renferme comme sous un noyau une chair blanche, moelleuse, un peu gluante : et c’est apparemment à cause de sa blancheur, que la bonne espèce est appelée pe fou ling, comme qui dirait fouling blanc. Il diffère d’un autre, dont on se sert aussi beaucoup, parce qu’il est à meilleur marché et qu’il croît sans culture dans plusieurs endroits de la Chine : on le regarde comme une espèce de fou ling sauvage.
Il y a de nos missionnaires qui sont du pays où se trouvent les truffes en France qui assurent que le pe fou ling du Chen si est véritablement truffe. Sa couleur est presque verte, mais elle devient un peu jaunâtre quand elle est sèche. On ne peut douter des bons effets de cette plante, après l’expérience que la nation entière en a faite. Il resterait toutefois à déterminer à quelle maladie elle est la plus propre : c’est ce qui n’est pas facile, car on a observé que les médecins chinois la font entrer presque dans toutes les recettes.
Fen se.
La racine de la plante qu’on nomme fen se n’est pas dans un usage si commun, mais elle est d’un plus grand prix ; elle est même rare dans la province de Se tchuen, où elle naît entre le 30e et le 49e parallèle ou latitude. Elle est certainement de qualité chaude, et est regardée comme un excellent remède dans les maladies causées par les humeurs froides, dans toutes sortes d’obstructions.
Sa figure est singulière : elle est fort ronde d’un côté, et presque plate de l’autre, elle tient à la terre par des filaments, surtout par un assez