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gros, qui est au milieu des autres, et qui est engagé plus avant qu’eux dans la substance même de la racine : de la superficie courbe sortent diverses tiges, qui ne sont point jointes ensemble, mais qui se divisant dès le pied, font chacun a part un petit bouquet. Ainsi on la distingue aisément. On en jette ordinairement les branches, et on ne conserve que la racine qu’on vend cuite, ou au moins passée au bain-marie.


Ti hoang.

Ti hoang est une autre racine d’une plante qui est fort belle, et qui croît surtout au nord de la province de Ho nan à 35 degrés 6 minutes 10 secondes dans le district de Hoai king fou. On pourrait d’abord la prendre pour une espèce de réglisse à fleur légumineuse et à gousse courbe. Mais quand on en examine les feuilles, les semences, et le goût, on est embarrassé de dire à quelle espèce on doit la ranger. Quoiqu’il en soit, il est constant que son usage est à la Chine assez commun, et qu’on s’en sert avec succès pour fortifier l’estomac, et pour réparer peu à peu les forces perdues.


San-tsi.

Mais de toutes les plantes dont nous venons de parler, nulle n’est si précieuse que le san-tsi ; après le gin seng, c’est celle que les médecins de cet empire estiment davantage. Ils attribuent presque les mêmes vertus à l’une et à l’autre. Ils veulent cependant que le san-tsi soit meilleur dans les maladies des femmes et dans toutes les pertes de sang. Il ne ressemble nullement au gin seng par sa figure. Dans la province de Quang si où il croît, on ne peut le trouver que sur des hauteurs de montagnes difficiles à grimper.

Une espèce de chèvre grise aime fort à brouter cette plante, et comme elle en fait sa nourriture, son sang, disent les Chinois, s’empreint des qualités médicinales. Il est certain que le sang de ces chèvres a des effets surprenants dans les chutes de cheval, et dans de semblables accidents ; c’est de quoi les missionnaires ont été témoins plusieurs fois. Quelques-uns de leurs domestiques renversés par des chevaux ombrageux, et se trouvant presque sans mouvement et sans parole, ont été si parfaitement guéris par ce remède, que le lendemain ils étaient en état de continuer la route.

Il ne faut pas oublier qu’on regarde cette potion comme un remède spécifique pour la petite vérole. On en voit de fréquents effets : les boutons noirâtres et infects, deviennent vifs et d’un beau rouge, aussitôt que le malade a pris le remède ; c’est pourquoi il est employé dans plusieurs maladies, qu’on croit venir des mauvaises qualités du sang. Ce qu’il y a de fâcheux, c’est qu’on n’en trouve pas aisément, qu’il est cher, et qu’en donnant même un assez grand prix, on n’est pas toujours assuré d’en avoir de pur, et qui ne soit pas mêlé.

Dans les expériences dont on vient de parler, on se servit du sang qu’on avait fait tirer d’une de ces chèvres, qui avait été prise par des chasseurs : et quand on y employa la plante san-tsi, ce fut toujours de celle qu’on trouve dans cette province, et telle que les mandarins des lieux ont coutume d’offrir aux mandarins leurs supérieurs, et aux protecteurs qu’ils ont à la Cour.