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L’usage de l’or est même très ancien parmi eux, puisque les livres chinois rapportent que sous un empereur de la dynastie des Han, un officier ayant été envoyé chez les Tou fan, pour se plaindre des ravages qu’avaient fait quelques-uns de leurs chefs réunis en corps d’armée, ils tâchèrent de l’apaiser en lui offrant de la vaisselle d’or. Cet officier la refusa, en faisant dire aux Tou fan que le riz dans des plats d’or était pour lui sans saveur.

Leur pays est fort montagneux : il est entre les fleuves Hoang ho au nord, Ya long à l’occident, et le Yang tse kiang à l’orient. Néanmoins entre ces montagnes, il y a d’assez belles plaines, qui sont semblables à celle de Se tchuen et d’Yun nan. On en trouve principalement sur les bords du grand et beau fleuve Ya long. Mais on ne voit nulle part ni ville ni forteresse : on doit cependant y trouver des vestiges de villes puisqu’il est certain qu’il y en a eu autrefois. La source du Ya long est entre le 34e et le 35e degré de latitude, et au 19e de longitude. Il est large et profond.

Les sources du grand fleuve Yang tse kiang qui traverse toute la Chine, sont dans le pays des Tou fan. La plus célèbre dont parlent les livres les plus anciens de la Chine, est nommée par les Chinois He choui au-dessous du 33e degré de latitude, et au 15e de longitude : mais elle est appelée par les Tou fan, Tchounac, et vient d’une chaîne de montagnes qu’ils nomment Tchourcoula.

On a cru devoir marquer ceci en particulier, parce qu’on trouve dans les livres chinois de géographie, bien des choses fausses sur le grand fleuve Yang tse kiang. Ces auteurs n’ont écrit que sur des bruits populaires, et dans un temps où il n’y avait presque aucun commerce avec le Thibet, ni avec les Tou fan.


DES TARTARES DE COCONOR


Au-delà de Si ning, hors des portes de la grande Muraille, sont ses terres des Tartares de Coconor. Ils sont proprement Eluth de nation : mais depuis l’extinction de la famille royale, nommée Yuen tchao, ils habitent à l’occident de la Chine le long de la province Se tchuen, entre cette province et le Thibet. Ils ont pris leur nom d’un grand lac que les Chinois nomment Si hai c’est-à-dire, mer occidentale, et qu’ils appellent en leur langue, Coconol, ou Coconor.

Tout ce pays est assez étendu : il a plus de sept degrés nord et sud, et est séparé de la Chine par des montagnes si hautes et si escarpées, qu’elles servent de grande Muraille presque partout ; on en voit cependant quelques pans vers les gorges des montagnes, surtout dans les lieux qui sont fréquentés par les Coconor, et par d’autres étrangers, comme par exemple, Tsong sang ouei, où sont quelques bataillons sous la conduite d’un tsong ping, qui a