Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/148

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le prince Hia tcheng se voyant détesté de ses peuples et vivement attaqué par les Chinois, prit le parti de se donner à l’empereur à des conditions avantageuses ; il vint lui-même trouver Van tchao, lui offrit toutes les terres de sa dépendance, et obtint tout ce qu’il demandait. L’empereur ratifia le traité, et donna le gouvernement de ce département à Hou tsong hoa.


1099.

La même chose arriva à Lonc su, un des fils de Mou tching qu’un des chefs des Tou fan avait introduit dans la ville de Hi pa ouen. Après plusieurs combats que lui livra Van tchao où ce prince se distingua par une valeur surprenante, tantôt vainqueur, tantôt vaincu, il se soumit par un traité avantageux que l’empereur ratifia : et par là toutes ses terres furent réunies à l’empire.

La famille du troisième fils de Sossolo subsista plus longtemps dans la splendeur. Elle ne fut dépouillée de sa principauté que par les Mongoux, qui prirent le nom d’Yuen et de Yuen tchao après la conquête de la Chine.

Au milieu des troubles qui s’élevèrent dans le XIIe siècle entre les empereurs Chinois de la dynastie des Song, et les rois des Tartares orientaux Nu tche, qui prirent le nom de Kin, la famille de Ton chen s’allia avec les rois de Hia, et sous cette protection elle gouverna assez paisiblement ses États : mais enfin elle fut enveloppée dans la ruine commune par les victoires du fondateur des Yuen, que nos livres européens nomment Ging hiscan, et les Chinois Tchin ki se han.


1227.

L’année 1227 suivant l’histoire chinoise est l’époque de la ruine entière des Tou fan. Depuis ce temps-là ils sont demeurés dans leur ancien pays, sans nom, sans force, et trop heureux d’y vivre en repos. Tant il est vrai que la division du gouvernement renverse presque toujours les monarchies les plus florissantes. Les Tou fan se firent toujours respecter de leurs voisins, tandis qu’ils eurent des rois capables de les bien conduire.

Quoique la forme du gouvernement ait changé parmi les peuples de Tou fan, leur religion a toujours été la même. L’idolâtrie de Fo était la religion de leurs rois et de leurs princes, comme elle l’est encore des chefs de la nation. Les bonzes Lamas, et quelquefois aussi les bonzes Ho chans avaient beaucoup d’autorité dans leur cour : on les choisissait même pour être ministres d’État, en certaines occasions pour commander les armées.

La superstition n’a fait que croître parmi les Tou fan depuis leur décadence. Sous les empereurs Yuen les lamas devinrent si puissants, que les familles tartares se faisaient un honneur d’avoir un de leurs parents parmi ces bonzes. C’est là apparemment ce qui introduisit chez les Tou fan alors soumis aux Yuen, la coutume de donner à un lama de la famille le pouvoir de gouverner et de punir.

C’est aussi ce qui a beaucoup contribué à l’extrême attachement qu’ils ont pour Fo. Ils ne sont libéraux que quand il s’agit d’honorer cette idole qu’ils enrichissent par leurs offrandes : car ils ont de l’or dans quelques-unes de leurs rivières, et ils savent assez bien le mettre en œuvre, surtout pour en faire des vases et de petites statues.