Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/15

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description détaillée du palais de l’empereur de la Chine, dont il n’avait d’idée que celle qu’il s’était formée lui-même ; et pour donner plus de poids à ce qu’il raconte, et le rendre plus croyable, il ne fait pas difficulté de s’autoriser du père Grimaldi, président du tribunal des mathématiques, lequel, à ce qu’il assure, voulut bien l’introduire dans le palais. Pourrait-on, après cela, se défier de la sincérité de cet auteur ?

Cependant tout ce qu’il y a de vrai, c’est qu’il vint effectivement à Peking, qu’il fit plusieurs tours dans les rues de cette grande ville, suivi d’un chinois à pied qui lui servait de valet ; qu’il rendit de fréquentes visites aux Jésuites, dont il reçut tous les bons offices qui dépendaient d’eux ; qu’il les pria de lui faire voir l’empereur, ou du moins son palais, ce qui n’était nullement en leur pouvoir ; qu’étant arrivé à un pont qu’il fallait passer pour aller au palais, il fut contraint de retourner sur ses pas parce que son valet ne voulut pas s’exposer à passer même ce pont ; qu’enfin il fut obligé de sortir de Peking sans avoir vu du palais que la porte du midi, qui est toujours fermée.

Tout cela est certain ; d’où il s’en suit que cette description qu’il fait du palais, des salles, du trône impérial, de l’audience à laquelle il se trouva, et tout le reste, est purement de son invention. Le père Grimaldi, quoique président du tribunal des mathématiques, pouvait-il, sans un ordre exprès de l’empereur, introduire dans le palais un inconnu mêlé parmi les membres d’un tribunal qui va à l’audience ? Un ministre d’État, un prince même n’aurait pas ce pouvoir.

Mais pour peu qu’on soit au fait de ce qui concerne la Chine, on est bien plus surpris qu’un auteur célèbre