Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/157

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de leur conduite. De plus ils se sont obligés eux-mêmes de laisser les Chinois en repos, soit qu’ils aient dessein de venir faire commerce dans leurs villes, soit qu’ils ne veuillent pas sortir de leurs montagnes.

Les Miao sse de la province de Quang si sont sur un autre pied : ils exercent sur leurs sujets la juridiction de tchi fou, de tchi hien, etc. par un droit qui leur est héréditaire depuis plusieurs siècles. Ils sont originairement Chinois : leurs ancêtres avaient suivi les deux conquérants de ces contrées et du Tong king, nommés Foa pao et Ma yuen. Le premier était le généralissime des corps d’armée envoyés par l’empereur Quang vou ti contre les rebelles du midi et contre les Tong kinois, lesquels profitant des troubles de l’empire, en avaient envahi les terres qu’ils trouvèrent à leur bienséance.

Ma yuen général marcha contre ceux-ci, les repoussa dans leurs anciennes limites, et leur inspira tant de frayeur, que son nom après seize siècles, est encore redouté parmi eux. Il fit élever sur la montagne, qui sert de limite, une colonne de bronze avec ces mots Chinois : Tong tchou tchi tche kio tchi tchi mie, qui signifiaient qu’on éteindrait les Tong kinois, s’ils venaient à passer la colonne de cuivre.

Les Tong kinois regardent maintenant cette inscription, une des plus anciennes de toute la Chine, comme une prophétie qui marque la durée de leur monarchie, laquelle ne doit être éteinte, que lorsque la colonne de bronze aura été tout à fait consumée par le temps : c’est pourquoi ils ont grand soin de la mettre à couvert des injures de l’air, et de l’environner de grosses pierres pour la rendre plus inébranlable. Ils croient qu’en la conservant, ils fixent la destinée de leur royaume.

Ma yuen laissa de ses officiers et de ses braves soldats vers les frontières pour s’en assurer la possession ; et il les rendit maîtres de tout ce qu’il leur distribua. Ainsi ces mandarins des Miao sse tiennent dès le commencement leur autorité de l’empereur, dont ils sont comme tributaires. Ils ont leurs soldats, leurs officiers, et ne manquent pas d’armes à feu, soit qu’ils les fabriquent dans leurs montagnes, soit qu’ils les achètent des Chinois.

Ce qu’il y a de fâcheux pour ces peuples, c’est qu’ils se font presque continuellement la guerre les uns aux autres, et qu’ils se détruisent mutuellement : la vengeance se perpétue parmi eux, et passe aux descendants : l’arrière-petit-fils s’efforcera de venger la mort de son aïeul s’il croit qu’elle n’a pas été assez vengée. Les mandarins chinois ne sont pas d’humeur à exposer leurs personnes pour établir la paix chez ces peuples ; ils dissimulent aisément, ce qu’ils ne pourraient empêcher qu’en hasardant la vie des soldats chinois.

La langue des Miao sse de Se tchuen, de l’occident de Hou quang, et du nord de Koei tcheou, paraît être la même, ou elle n’est différente que par quelques prononciations et certains mots particuliers. Mais celle des Miao sse vers Li ping fou passe pour être mêlée de chinois et de vrai miao sse, car les gens de l’une et de l’autre nation s’entendent fort bien. On dit qu’il y a aussi des contrées entre le Quang si, le Hou quang, et Koei tcheou, dont