Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/158

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les Miao sse n’entendent pas ceux qui sont au nord ; c’est ce que les Miao sse soumis assurent.

Tous les Miao sse sont fort décriés dans l’esprit des Chinois. Ce sont, disent-ils, des peuples volages, infidèles, barbares, et surtout d’insignes voleurs. C’est de quoi le père Régis et les missionnaires avec qui il dressait la carte de ces provinces, ne se sont point aperçus. Ils les ont trouvés au contraire très fidèles à rendre les hardes qu’on leur avait confiées, attentifs et appliqués à ce qu’ils étaient chargés de faire, laborieux, et empressés à servir. Mais peut-être que les Miao sse ont leurs raisons de n’être pas contents des Chinois, qui leur ont enlevé presque tout ce que le pays avait de bonnes terres, et qui continuent à s’emparer de ce qu’ils jugent être à leur bienséance, s’ils ne sont arrêtés par la crainte de ceux qu’ils cherchent à dépouiller.

Quoiqu’il en soit, il est certain que les Chinois n’aiment ni n’estiment les Miao sse et les Lo los et que ceux-ci aiment encore moins les Chinois, qu’ils regardent comme des maîtres durs et incommodes, qui les tiennent enfermés par leurs garnisons, et comme enclavés au milieu d’eux par une longue muraille, laquelle leur ôte toute communication avec les autres nations, dont ils pourraient tirer du secours.

Si l’on trouve dans le Koei tcheou, et dans les autres terres qui leur ont appartenu, ou qui leur appartiennent encore, des tours, des villes, ou des ponts, tout a été construit par les Chinois. Le pont de fer, comme on l’appelle, qui est sur le grand chemin d’Yun nan dans le Koei tcheou, est l’ouvrage d’un général chinois, dont on voit le nom sur une grande pièce de marbre quand on a passe le Pan ho, c’est un torrent qui n’est pas grand, mais dont le lit est fort profond. Sur chaque bord on a bâti une grande porte entre deux grands massifs de maçonnerie de six à sept pieds de large sur dix-sept à dix-huit de hauteur. De chaque massif oriental pendent quatre chaînes à grands anneaux, qui sont attachés sur les massifs opposés de la rivière occidentale, et jointes ensemble par de petites chaînes qui en sont comme un rets à grande maille. On a jeté dessus de grosses planches liées les unes après les autres. Mais comme elles se trouvent encore à quelque pas loin de la porte, à cause de la courbure des chaînes qui font ventre, surtout lorsqu’elles sont chargées, on a attaché au plein pied de la porte des consoles, qui soutiennent un plancher, lequel aboutit jusqu’aux planches portées par les chaînes. On a élevé sur les bords de ces ais de petits pilastres de bois, qui soutiennent un petit toit de même matière continué jusqu’à l’un et l’autre bord, et appuyant ses bouts sur les massifs.

Les Chinois ont fait quelques autres ponts à l’imitation de celui-ci, qui est célèbre par tout l’empire, un surtout qui est assez connu sur la rivière de Kin cha kiang dans l’ancien pays des Lo los de la province d’Yun nan ; et dans celle de Se tchuen deux ou trois autres qui ne sont soutenus que sur de grosses cordes. Mais ceux-ci, quoique petits, sont tremblants et peu sûrs ; il n’y a que la seule nécessité qui puisse déterminer à y passer.

Ils ont mieux réussi dans quelques quartiers, soit dans la province de Se tchuen aux pieds des montagnes occupées par les Miao sse, soit dans la province