Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/171

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Jaune, où il va se décharger. On trouve encore trois autres grandes levées dans la campagne ; ce sont autant de grands chemins qui conduisent à différentes villes.

Jusque là nous n’avons trouvé aucun troupeau de moutons dans notre route, mais nous en avons vu plusieurs de chèvres blanches, et de cochons noirs, peu de vaches et de buffles, quantité de petits mulets, de bourriques, et de mauvais chevaux, qui sont les montures ordinaires des voyageurs. Nous n’avons pas vu un cheval médiocrement beau.

Le peuple est si nombreux, que ce sont les hommes qui d’ordinaire servent de bêtes de charge, soit pour porter les fardeaux, soit pour porter les hommes mêmes. La terre, quoique très fertile et bien cultivée, ne peut pas nourrir tout ensemble et les hommes et les animaux. Les maisons des faubourgs et des villages après Hoai ngan sont construites de roseaux et de terre, et couvertes de paille. Il n’y a pas jusqu’aux hôtelleries destinées à recevoir les mandarins, qui sont bâties de la même manière. Depuis le Hoang ho, les terres vont en montant jusqu’à Peking, ainsi qu’on le voit par le cours des rivières.

Le 18 nous fîmes onze lieues pour nous rendre à Sou tsien hien. La campagne est toujours plate, unie, et cultivée avec plusieurs grandes levées, qui sont autant de grands chemins les plus propres et les plus commodes qu’on puisse souhaiter : elles ont de part et d’autres leurs talus très bien entretenus. Ces levées ont ordinairement dix à douze pieds de hauteur au dessus de la campagne, et vingt-cinq à trente pieds de largeur, et quarante par le bas. Tout le haut, de même que le bas, est de même niveau.

Presque toute la journée nous marchâmes le long d’une petite rivière fort rapide et fort profonde, large de sept à huit pas géométriques, très bien ramassée dans son lit, et qui porte d’assez grosses barques. Elle paraît couler parallèlement au Hoang ho, qui n’en est souvent éloigné que de trois à quatre cents pas. Il y a de l’apparence que nous prîmes la veille cette rivière pour un canal artificiel. La campagne est là partout marécageuse, couverte d’eau en plusieurs endroits, et de petits arbres semblables à des bouleaux.

Nous arrivâmes à Sou tsien hien par une grande levée fort propre. A la droite nous découvrions le Hoang ho. Cette ville est sur une petite éminence ; les murailles en sont à demi ruinées, chacun de ses deux faubourgs vaut mieux que la ville. Nous vîmes proche des murs une espèce de palais nouvellement bâti. C’est un monument en l’honneur de l’empereur Cang hi, qui passa par cette ville en allant à Sou tcheou. La principale partie de cet édifice est une espèce de salon carré, oblong, ouvert de tous côtés, à double toit, couvert de briques vernissées de jaune.

Le 19 nous partîmes de Sou tsien. A une demie lieue de la ville nous trouvâmes sept ponts plats de suite, longs chacun d’environ cent pieds, portant sur des piles ou petites murailles de briques avec des garde-fous, et des arcs triomphaux de bois à chaque extrémité. Ces ponts sont sur une même ligne, et jetés sur divers canaux, qui font comme un labyrinthe en