Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jusqu’au pied des montagnes, qui sont sans arbres et sans buissons. Les faubourgs de Ho lou sont grands par rapport à la ville : on y travaille en fer et en poterie.

Le 5 j’entrai dans les montagnes, et après avoir fait 40 lis à l’ouest sud-ouest j’allai dîner à Iu tchoui pou gros bourg sur la rive orientale d’une rivière qu’on passe sur un pont. Avant ce bourg on trouve un beau pont d’une seule arche. Après avoir traversé la rivière qui court ici vers le nord, on trouve trois petits ponts de pierre sur autant de torrents. On côtoie la rivière en la laissant à gauche. A 15 lis on repasse la rivière sur un pont semblable au précédent, et au bout de 15 autres lis on arrive à Tchin king hien.

C’est une ville de douze cents pas de tour, située sur une colline ; les murailles faites de brique en sont belles, excepté le morceau qui est sur la colline, et qui me parut de terre. Le haut est vide, et le bas est habité. Les faubourgs valent beaucoup mieux que la ville. On la laisse à droite. De là à He taou tien où j’allai coucher, 25 lis. On est dans les montagnes qui sont médiocrement hautes : le chemin est rude, parce qu’il faut toujours monter, descendre, ou tourner. On y voit une quantité étonnante d’ânes et de mulets chargés de poterie, d’écorce broyée pour faire des pastilles, de coton, de toile, de peaux, et surtout de fer mis en œuvre qui vient de Lou ngan fou, ville de la province de Chan si. Sur la rivière que nous avons côtoyée, on voit plusieurs moulins, qui servent à broyer les écorces dont on fait des pastilles.

A 30 lis de Ho lou, après avoir traversé la bourgade de Tchan ngan, on passe une assez haute montagne qui a bien cent pas de perpendicule, sur le sommet de laquelle il y une pagode : on marche sur deux grands plans inclinés, pavés de pierre. De toutes parts on ne voit que montagnes presque sans vallées, mais ces montagnes sont peu hautes, et cultivées jusqu’au sommet. Pour empêcher que les pluies n’emportent les terres, et pour retenir l’eau, elles sont coupées en terrasses qui sont soutenues par des murailles sèches, bâties des pierres mêmes dont la terre était couverte. On voit là des familles entières de Chinois qui habitent dans des grottes : car la Chine a ses troglodytes aussi bien que l’Égypte.

Enfin tout est aussi peuplé qu’il le peut être. Il ne paraît ni arbres ni arbrisseaux sur les montagnes ; le peu d’herbes et de bruyères qu’elles produisent, est aussitôt arraché pour nourrir les animaux, et pour l’entretien des fours à chaux qu’on voit en quantité sur la rivière. La route au sud-ouest 1/4 ouest.


Province de Chan si.

Le 6 après avoir marché 40 lis, on trouve un village où est la douane. J’en fus quitte pour un billet de visite, et mes ballots ne furent point examinés. C’est à cette douane que finit la province de Pe tche li, et que commence celle de Chan si. Le village est fermé par deux grandes arcades de pierre qui coupent le chemin, lequel est entre des montagnes escarpées. Là, on voit une muraille qui, suivant les contours des vallées et des montagnes, coupe ce même chemin. Je ne sais pas jusqu’où elle s’étend, parce que je n’en pus voir le bout d’aucun côté. Elle est de pierres grossièrement