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La saison des pluies n’est qu’à la fin de juillet et au commencement d’août ; du reste il y pleut assez rarement ; mais la rosée qui tombe pendant la nuit, humecte la terre, qu’on trouve humide tous les matins. Cette humidité se sèche au lever du soleil, et se change en une poussière très fine, qui pénètre partout, et s’insinue jusques dans les chambres les mieux fermées. Ceux qui y voyagent à cheval, et qui ont les yeux délicats, portent un voile délié qui leur couvre le visage, et qui, sans les empêcher de voir, les garantit de ces tourbillons de poussière dont ils sont environnés, ou ils prennent d’autres précautions, dont nous parlerons ailleurs.

Le terroir y est uni, mais sablonneux, et assez peu fertile : il donne moins de riz que dans les parties méridionales, parce qu’il y a peu de canaux ; cependant outre celui qui se sème le long des rivières, on en sème encore à sec en plusieurs endroits qui vient fort bien, mais qui est un peu plus dur à cuire.

Du reste, il produit abondamment toutes sortes de grains, et principalement du froment et du millet, des bestiaux de toutes les espèces, des légumes, des fruits en quantité, tels que sont les pommes, poires, prunes, châtaignes, noix, figues, pêches, raisins, etc.

Ses rivières sont remplies de poissons et d’excellentes écrevisses. On tire de ses montagnes quantité de charbon de pierre qu’on brûle au lieu de bois, qui y est très rare ; depuis le temps que les mines en fournissent à cette province, il faut qu’elles soient inépuisables. Parmi les animaux de toute espèce, on y trouve des chats singuliers, que les dames chinoises recherchent fort, pour leur servir d’amusement, et qu’elles nourrissent avec beaucoup de délicatesse : ils ont le poil long, et les oreilles pendantes.

Mais ce qui rend cette province bien plus considérable, c’est qu’elle est comme le rendez-vous de toutes les richesses de l’empire, et que les provinces du nord et du midi lui fournissent à l’envi tout ce qu’elles ont de plus rare et de plus délicieux.

Les peuples y ont moins de politesse, et de disposition aux sciences, que dans les parties méridionales ; mais ils sont beaucoup plus robustes, plus belliqueux, et plus capables de soutenir les fatigues et les travaux de la guerre. Il en est de même des autres Chinois, qui habitent les provinces septentrionales.