Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/257

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commença d’abord par une enfilade de cinq grands corps de logis, bâtis à l’impériale, et flanqués de diverses salles, et de logements pour les bonzes ; il leur assigna des revenus, pour entretenir commodément jusqu’à trois cents personnes sous un chef de leur secte, qu’il constitua mandarin, pour les gouverner indépendamment des officiers de la ville.

Cette pagode fut appelée Long hing se, c’est-à-dire, temple d’où le dragon est sorti, parce que l’empereur a un dragon à cinq griffes pour ses armes : il s’est soutenu tant qu’a duré la dynastie précédente : mais dans la suite, et pendant les guerres civiles, il a été presque entièrement ruiné, et on n’y a laissé que cinq corps de logis qui subsistent encore.

La dynastie présente des Tartares orientaux, qui lui a succédé, ne s’est pas mis en peine de rétablir ce temple, en sorte qu’à peine y voit-on aujourd’hui une vingtaine de ces faux prêtres d’idoles, qui sont presque réduits à la mendicité.

À ces trois monuments près, on ne voit rien maintenant dans Fong yang qui mérite quelque attention : elle a été tellement désolée par les guerres, que d’une ville impériale, elle est devenue un vaste village ; elle est assez peuplée, et assez bien bâtie vers le milieu ; mais tout le reste ne consiste qu’en des maisons basses et couvertes de chaume, ou bien en de rases campagnes, où l’on a planté du tabac, qui fait la richesse, et presque le seul commerce du pays.

On trouve dans les montagnes de son voisinage, quantité de talc et d’absinthe rouge, dont les médecins font usage. De belles rivières fertilisent ses campagnes, et entr’autres la grande rivière Hai ho, qui prend sa source dans les montagnes de la province de Ho nan, traverse tout ce pays, et après un long cours, passe par le lac Hong tse, et va se décharger dans le fleuve Hoang ho à 39 lieues environ de son embouchure.


LIU TCHEOU FOU. Quatorzième ville.


Le pays où cette ville est située, est agréable et très fertile. Le Lac Tsiao au milieu duquel est une montagne qui forme une île, fournit des poissons de toutes les sortes, et arrose si bien les campagnes, qu’elles produisent abondamment toutes sortes de grains et de fruits, et surtout le meilleur thé, et en abondance : c’est principalement par cet endroit que toute cette contrée est célèbre : on y fait de très bon papier.

Ses montagnes, surtout celles qui sont dans le voisinage de Lou kiang hien, sont couvertes de très beaux arbres. On y voit un pont remarquable proche de Lou ngan tcheou. Son ressort est assez étendu, il contient huit villes dont deux sont du second ordre, et six sont du troisième.