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longueur de plus de deux lieues de France. On n’y compte jamais moins de huit à dix mille bâtiments, parmi lesquels il y en a à centaines qui sont aussi longs et aussi hauts de bord, que la plupart de ceux qu’on voit à Nantes.

Certainement, quand on ne considérerait que cette forêt de mâts, qui borde le beau fleuve Yang tse kiang, large en cet endroit, c’est-à-dire, à 150 lieues au moins de la mer, d’environ une lieue, et toujours assez profond pour les plus grands vaisseaux, il y aurait de quoi être surpris ; mais lorsqu’en montant sur quelque hauteur, on vient encore à découvrir cette vaste étendue toute couverte de maisons, on croit à peine ce que l’on voit, ou du moins on croit voir en ce genre la plus belle chose du monde.

On peut juger par le nombre de rivières, par la quantité de lacs, dont cette province est arrosée, quelle doit être sa fertilité, et combien la facilité de commercer avec tout l’empire, par le moyen du grand fleuve Yang tse kiang, doit lui apporter de richesses.

Ce qu’elle a encore de singulier, c’est le beau cristal que fournissent ses montagnes, les abondantes récoltes qu’on y fait du meilleur thé, et le débit prodigieux du papier de bambous qui s’y fabrique.


HAN YANG FOU. Seconde ville.


Cette ville, qui n’est séparée que par le fleuve Yang tse kiang de la capitale, et qui est située outre cela sur les bords de la rivière de Han, qui lui donne son nom, a au dedans de son enceinte, et au dehors plusieurs lacs très poissonneux, et où l’on prend quantité d’oies sauvages. Sa situation, et le grand abord qui s’y fait de toutes les marchandises de l’empire, enrichissent extrêmement ses habitants.

Plusieurs espèces d’oranges et de citrons y croissent. Mais ces fruits ne viennent guère à une parfaite maturité. Elle est remarquable par une tour fort haute, qui fut élevée autrefois en l’honneur d’une fille, dont l’innocence et la vertu furent justifiées, à ce qu’on dit, par un prodige tout à fait extraordinaire. Han tchuen hien est la seule ville qui soit de sa dépendance : elle est toute entourée de lacs et de rivières.


NGAN LO FOU Troisième ville.


C’est sur les bords de la rivière de Han, que cette ville est bâtie dans une vaste plaine, également agréable et fertile. Son commerce avec les villes célèbres, dont je viens de parler, contribue beaucoup à la richesse et au bonheur de ses habitants. D’ailleurs elle n’a rien de particulier qui la distingue des autres villes de la province, Elle compte sous sa juridiction deux villes du second ordre, et cinq du troisième.