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PARTIE MÉRIDIONALE
DE LA PROVINCE DE HOU QUANG


Première ville et capitale de cette partie méridionale.
TCHANG TCHA FOU


C’est la capitale de la partie méridionale de la province que les Chinois nomment Hou nan : elle est située sur une grosse rivière qui communique avec le grand lac Tong ting hou. Les rivières et les lacs dont le pays est arrosé, et la facilité qu’ont les laboureurs à conduire l’eau dans les terres par des machines de leur invention dont je parle ailleurs, rend son terroir gras et fertile, en sorte qu’on n’a jamais à craindre la disette, même dans le temps de la plus grande sécheresse. On pêche dans ses rivières quantité de poissons, et surtout dans quelques-unes de fort belles lamproies.

Le pays est partie plat, partie montagneux ; on tire des montagnes de fort beau cinabre ou vermillon, et quantité de talc que les médecins chinois réduisent en chaux, et mêlent dans du vin : ils prétendent que c’est un remède admirable pour conserver la santé. Cette capitale a dans son ressort particulier une ville du second ordre, et onze du troisième.

Les habitants d’une de ces villes ont donné lieu à une grande fête qui se célèbre le cinquième mois dans tout l’empire avec beaucoup de joie et d’appareil. Le mandarin qui gouvernait cette ville et dont les peuples estimaient et chérissaient la probité et la vertu, s’étant noyé dans la rivière, ils instituèrent en son honneur une fête qu’ils célébraient par des jeux, par des festins, et par des combats sur l’eau, comme s’ils eussent voulu chercher ce mandarin, l’objet de leur amour et de leur douleur. Cette fête qui fut d’abord particulière à cette ville, s’observa ensuite dans tout l’empire.

On prépare pour ce jour-là de petites barques longues et étroites, toutes dorées, qui portent à l’un des bouts la figure d’un dragon, et c’est pourquoi on les appelle long tchuen. Il se faisait autrefois des combats sur l’eau de part et d’autre, et il y avait des prix réglés pour ceux qui remportaient la victoire, mais comme ces sortes de divertissements devenaient dangereux, et ont été quelquefois accompagnés d’accidents funestes, les mandarins les ont défendus presque par tout l’empire.


YO TCHEOU FOU. Seconde ville.


La situation de cette ville est admirable : elle est bâtie sur les bords du grand fleuve Yang tse kiang, et du grand lac Tong ting. Ce lac qui ressemble à une mer, est remarquable par la grandeur de son circuit, lequel est de plus de quatre-vingt de nos lieues ; par l’abondance de ces eaux, surtout