Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/339

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tchuen : c’est aussi la résidence du gouverneur de la partie orientale de cette province. Sa juridiction particulière contient six villes du second ordre et trente-une du troisième.

Cette ville a été pendant plusieurs siècles la Cour des empereurs chinois et est encore fort peuplée et fort marchande surtout en mules. Les habitants ont le talent de les nourrir et de les dresser si bien, qu’on en voit plusieurs à Peking lesquelles suivent au pas un cheval qui va le trot : car à la Chine c’est la coutume de tout ce qu’il y a de gens de distinction, de se faire précéder par un valet assez bien monté. Ces mules se vendent à Peking cinq ou six cents livres.

Les murailles dont cette ville est environnée, sont fort larges, fort élevées, flanquées de tours éloignées entr’elles d’une portée de flèche, entourées d’un bon fossé : elles n’ont pas plus de quatre lieues de circuit, quoiqu’on dise communément qu’elles égalent celles de Peking ; elles représentent assez bien un carré, les faces étant presque égales ; quelques-unes de ses portes sont magnifiques et remarquables par leur hauteur.

On voit encore dans la ville un vieux palais, où demeuraient les anciens rois de la province : l’étendue du pays dont ils étaient les maîtres, et la valeur de leurs peuples les rendaient très puissants. Le reste des bâtiments n’a rien de plus beau que ce qu’on voit ailleurs : les maisons y sont, selon la coutume de la Chine, fort basses et assez mal construites, les meubles moins propres que dans les provinces méridionales, le vernis plus grossier, la porcelaine plus rare, et les ouvriers moins adroits.

Les principales forces des Tartares destinées à la défense du nord de la Chine, sont en garnison dans cette place sous un tsian kiun ou général de leur nation, lequel avec ses soldats occupe les maisons d’un quartier séparé des autres par une muraille ; il est là comme dans une forteresse. Les premiers mandarins de la province y sont en grand nombre, et sont ordinairement Tartares.

Pour ce qui est des gens du pays, ils sont plus robustes, plus braves, plus faits à la fatigue, et même d’une taille plus avantageuse qu’ailleurs ; ce qui en rend les milices plus formidables, que celles de presque toutes les autres provinces.

Les montagnes qui se trouvent dans le territoire de Si ngan fou, sont très agréables ; on y prend quantité de cerfs, de daims, de lièvres, et d’autres bêtes fauves, de même que cette espèce de chauve-souris grosses comme des poules, dont j’ai déjà parlé. On en tire aussi une terre extrêmement blanche, qui est fort recherchée des dames : elles la détrempent dans de l’eau, et s’en servent pour se blanchir le teint.


YEN NGAN FOU. Seconde ville.


C’est dans une agréable plaine, et sur les bords du Yen ho que cette ville est située. Dix-neuf villes, dont trois sont du second ordre, et seize sont du troisième, relèvent de sa juridiction. Elle a dans l’enceinte de ses murailles une assez haute montagne, remarquable par la beauté de