Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/350

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

argent, du cuivre, du fer, de l’acier, du salpêtre, de l’ébène, du bois d’aigle, et plusieurs sortes de bois de senteur.

La terre y produit toutes sortes de fruits, des grenades, des raisins, des poires, des prunes, des châtaignes, et des pêches ; mais ces fruits ont de la peine à mûrir, on en peut faire cependant d’assez bonnes confitures. Elle en produit d’autres qui sont excellents ; tels sont les bananes, les ananas, les li tchi, les long yuen, les orangers, et les citrons de toutes les sortes.

Une espèce particulière de citron croît sur des arbres aussi épineux que le sont les citronniers, mais beaucoup plus grands : la fleur en est blanche, et répand une odeur exquise ; on en tire par distillation une eau très agréable ; son fruit est presque aussi gros que la tête d’un homme, sa peau ressemble assez à celle des autres oranges, mais la chair est ou rougeâtre, ou blanche, et a un goût aigre-doux.

Il y croît un autre fruit, le plus gros qui se voie, lequel est attaché non pas aux branches de l’arbre, mais au tronc ; son écorce est très dure ; il y a au-dedans quantité de petites loges qui contiennent une chair jaune, fort douce et fort agréable, lorsque le fruit est mûr.

Sur les côtes de la mer on y pêche des poissons de toutes les espèces, des huîtres, des écrevisses, des crabes de très bon goût, et des tortues extraordinairement grosses. Les Chinois font de leurs écailles une infinité de jolis ouvrages. On y trouve encore quantité de paons sauvages et domestiques, qu’on transporte dans les autres provinces.

Il y a une multitude prodigieuse de canards domestiques, que ces peuples nourrissent avec industrie : ils font éclore leurs œufs dans un four ou dans du fumier ; ils les mettent sur de petits bateaux, et en mènent de grandes bandes, pour paître sur les bords de la mer, quand elle est basse, où ils trouvent des huîtres, des coquillages, et plusieurs insectes de mer. Quantité de bateaux y vont ensemble, et par conséquent plusieurs bandes de ces canards se trouvent mêlés sur le rivage. Dès qu’on frappe sur un bassin, chaque bande retourne sur son bateau, comme les pigeons se rendent à leur colombier.

Ce qu’il y a encore de rare dans cette province, c’est l’arbre que les Portugais ont appelé bois de fer : en effet il ressemble au fer par sa couleur, par sa dureté, et par sa pesanteur, qui ne lui permet pas de flotter sur l’eau.

On y voit aussi un autre bois particulier, qu’ils ont nommé bois de rose, dont les ouvriers chinois font des tables, des chaises, et d’autres ameublements : il est d’un noir tirant sur le rouge, marqué de veines et peint naturellement.

Sur les côtes, et dans un lac de l’île de Hai nan, on prend des cancres, lesquels, à ce qu’on assure, dès qu’ils sont tirés de l’eau, s’endurcissent comme les pierres les plus dures : c’est, dit-on, un bon remède contre les fièvres chaudes.

Il croît encore sur les montagnes une quantité prodigieuse d’un osier admirable, qui n’est pas plus gros que le doigt : il rampe à terre, et pousse des scions fort longs, qui ressemblent à des cordes entortillées. Le passage en est tellement embarrassé, que les cerfs mêmes ne sauraient s’en tirer.

Cet osier est très souple et ne se rompt pas aisément ; on en fait des