fois dans l’embarras les missionnaires de la Chine, quand ils ont eu à répondre aux questions qui leur étaient faites à ce sujet.
Le feu empereur Cang hi s’était aperçu de cette différence, en lisant des livres de la religion, écrits par différents missionnaires, dont les uns suivaient les Septante, et les autres la Vulgate. — « Quoi, disait-il, est-ce que vos King[1] ne sont pas clairs ? N’assurez-vous pas qu’ils ne renferment rien que de certain et d’indubitable ? » On ne manquait point de réponses solides, et capables de satisfaire un Européen. Mais pouvaient-elles se faire goûter à un prince peu instruit, et qui ne savait pas discerner la vérité des dogmes, d’avec la connaissance des temps ?
Que la chronologie chinoise s’accorde parfaitement avec celle des Septante, c’est ce qu’il est aisé de vérifier. Selon les Septante on compte 3.258 ans depuis le Déluge, jusqu’à Jésus-Christ. Les Chinois remontant jusqu’à la source de leur empire, conduisent avec certitude leur chronologie jusqu’au temps de l’empereur Yao qui régna 2.357 ans avant Jésus-Christ, d’où il s’ensuit que plus de 900 ans se sont écoulés depuis le Déluge jusqu’à Yao.
Quand les descendants de Noé seraient entrés dans la Chine 200 ou même 300 ans après le Déluge, ne resterait-il pas encore un temps plus que suffisant pour les règnes de Fo hi et des six empereurs qui ont précédé Yao ? Car quoique les Chinois les regardent comme les fondateurs de leur empire, ils avouent qu’ils ne peuvent fixer ni le temps, ni la durée de leur règne, et ce n’est que depuis Yao qu’ils prouvent par des événements qu’on ne peut guère leur contester, la suite de tous leurs empereurs, et combien de temps ils ont régné.
Si ce n’est qu’en hésitant et par manière de doute, que j’ai avancé que la chronologie chinoise avait de la peine à s’accorder avec la Vulgate, ce n’a pas été sans de justes raisons. Car enfin depuis qu’en ces derniers temps un écrivain de réputation[2], dans un système solidement appuyé et approuvé de plusieurs savants, a trouvé 3.234 ans depuis le Déluge jusqu’à Jésus-Christ, en conciliant ainsi la Vulgate avec la version des Septante, il l’a également concilié avec la chronologie chinoise. Lorsqu’il ajoute cent ans à la vie de chacun des descendants de Sem, s’il suit le texte samaritain et la version des Septante, il ne change rien au texte hébraïque ; il ne fait que suppléer ce que l’écrivain sacré paraît avoir omis à dessein.