Aller au contenu

Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/397

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

femmes de ce même nom, fussent-ils éloignés de vingt générations, et de familles différentes. Pour adoucir le naturel farouche de ses nouveaux sujets, et tranquilliser des esprits sauvages et turbulents, il inventa la musique, fit l’instrument kin auquel il donna par-dessus une figure ronde, pour représenter le ciel ; et par dessous une figure plate, pour représenter la terre.

Si cette harmonie inventée par Fo hi n’est pas meilleure que celle d’aujourd’hui, on ne voit pas quelle impression elle put faire sur les cœurs. Aussi les Chinois se retranchent-ils à dire, que la musique de Fo hi était toute divine, mais que c’est un trésor qu’on a perdu, et qui n’a jamais pu se recouvrer.

Fo hi mourut, et fut enterré dans un lieu nommé Tchin. Il eut pour successeur Chin nong. Un historien chinois met sur le trône quinze princes avant Chin nong mais d’autres, et c’est l’opinion commune, assurent que ces quinze princes n’étaient que des seigneurs de provinces tributaires, à peu près comme l’ont été depuis les Tchu heou.


CHIN NONG. Second empereur.


Le peuple s’étant extrêmement multiplié, les herbes et les animaux n’étaient plus suffisants pour le garantir de la faim ; Chin nong sensible à la misère de ses sujets, songea à rendre la terre féconde : il inventa les outils nécessaires au labourage, et il apprit au peuple à semer cinq sortes de grains ; c’est ce qui le fit appeler Chin nong, c’est-à-dire, laboureur céleste. Il leur apprit pareillement à tirer du sel de l’eau de la mer.

Les peuples devinrent sujets à beaucoup de maladies, et l’on ne connaissait point de remèdes propres à les guérir. Chin nong éprouva sur lui-même la vertu des simples, et il découvrit leurs bonnes et leurs mauvaises qualités : il considéra, dit l’historien chinois, leur nature, ou chaude, ou froide, ou tempérée, et s’en servit à proportion, comme un roi se sert de ses sujets.

En un seul jour il découvrit soixante-dix herbes venimeuses, et il eut le secret de les rendre utiles, c’est-à-dire, qu’il trouva le contrepoison. Après quoi il composa des livres de médecine, il enseigna la manière de rendre la santé aux malades. C’est ce qui le fait regarder comme l’auteur et le prince de la médecine.

La simplicité des mœurs bannissait alors tout esprit de contention ; chacun avait de quoi vivre, les lois étaient en petit nombre, et l’on n’eut pas besoin de les multiplier. Le gouvernement était majestueux et sévère. Chin nong donna l’idée du commerce, il établit des marchés publics, où le peuple se rendait vers le milieu du jour, et chacun s’étant fourni de ce qui lui était nécessaire, retournait paisiblement chez soi.

Pendant que ce prince ne s’occupait que du bonheur de ses