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Il fit construire une maison près du tombeau du dernier empereur, et il y renferma Tai kia pour lui donner le temps de réfléchir sur sa conduite, et de se former, sur les cendres de son grand-père, aux vertus dont il était un si parfait modèle. En même temps il se déclara tuteur et du prince, et de l’empire.

L’empereur, que l’éclat d’une si haute fortune avait aveuglé, profita de sa disgrâce, et fit pendant trois ans des réflexions salutaires sur les malheurs où ses désordres naissants l’avaient entraîné, et sur les vertus que demande le gouvernement d’un grand empire.

Dès que le ministre ne put plus douter de la sincérité de son changement, il l’alla chercher lui-même, et le conduisant sur le trône, dont il l’avait fait descendre, il le proclama une seconde fois empereur, et le fit reconnaître de tous les peuples, qui unanimement comblèrent d’éloges, et la docilité du prince, et la modération du ministre.


Cycle XI. Année avant J. C. 1737.

Tai kia sut bon gré à son ministre de la conduite sévère qu’il avait tenu à son égard ; il le regarda toujours comme son père, et ne se conduisit que par ses conseils. Aussi gouverna-t-il avec beaucoup de sagesse ; les princes tributaires, qui avaient commencé à secouer le joug, rentrèrent avec joie sous son obéissance. Tous les ordres de l’État furent constamment soumis jusqu’à la mort de ce prince, qui arriva la dix-septième année du cycle : il eut pour successeur Vo ting autre petit-fils du fondateur de cette dynastie.


VO TING. Troisième empereur.
A régné vingt-neuf ans.


Ce prince, qui descendait de Tching tang, ne démentit point le sang d’où il était sorti, et il fut l’héritier de ses vertus, de même que de sa couronne. Il eut comme lui toute sa confiance dans Y yn : mais il ne posséda ce sage ministre que huit ans : la mort le lui enleva la vingt-cinquième année du cycle, et afin de témoigner l’estime et la reconnaissance qu’il avait pour un si grand homme, il honora sa mémoire par de superbes obsèques, avec un appareil et une magnificence digne de la majesté impériale.

Le fils de Y yn, nommé Y pou, consola le prince de la mort du père. Ce nouveau ministre réunissait dans sa personne les mêmes qualités, et mérita également la confiance des empereurs qui suivirent. L’empereur mourut la quarante-septième année du cycle, et ce fut Tai keng son frère qui lui succéda.