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fait en riant, devenait une chose sérieuse, dès là qu’il partait des mains du souverain. Qu’un prince se déshonorait manquant à sa parole, et que la même loi qui l’obligeait à ne prendre des engagements qu’avec maturité, l’obligeait pareillement à tenir ce qu’il avait promis. Ce fut en même temps, et une grâce qu’il fit à son frère, et une instruction solide qu’il reçut, et dont il profita.

L’empereur, devenu docile aux instructions de son premier ministre, gouverna l’État avec beaucoup de sagesse. Il se fit par là une si grande réputation, que le roi de la Cochinchine lui envoya des ambassadeurs, avec des présents, pour le féliciter d’avoir au nombre de ses sujets, un homme d’un mérite aussi extraordinaire que l’était Tcheou kong. Ils furent reçus avec de grandes marques de considération et d’amitié.

Lorsqu’ils eurent eu leur audience de congé pour retourner dans leur pays, Tcheou kong leur donna un instrument, qui d’un côté tournait toujours vers le nord, et du côté opposé vers le sud, afin de mieux diriger leur route pour le retour, qu’ils n’avaient fait en venant à la Chine. Cet instrument se nommait tchi nan et c’est le nom qu’on donne encore aujourd’hui à la boussole : ce qui a fait croire que Tcheou kong a été l’inventeur de la boussole.

Ce ministre, si respecté dans tout l’empire, et dans les pays étrangers, mourut âgé de cent ans, la trente-troisième année du cycle. L’empereur, pour lui donner des marques éclatantes de sa reconnaissance, le fit enterrer auprès du tombeau de son père, et lui fit rendre les mêmes honneurs funèbres, qui sont en usage aux obsèques des empereurs.

Quelque temps après il tint les États généraux de l’empire, où il ordonna que chaque prince dans ses États eût à réprimer l’usage immodéré du vin, comme étant la source d’une infinité de malheurs, et du renversement des familles. Ce prince mourut la cinquante-neuvième année du cycle, et laissa la couronne à son fils nommé Kang vang.


Cycle XXII. Année avant J. C. 1077.


KANG VANG. Troisième empereur.
A régné vingt-six ans.


Cet empereur se distingua par le soin qu’il prit d’entretenir la paix au dedans et au dehors de l’empire, et c’est ce qui lui fit donner le nom de pacifique ; il profita de cette tranquillité, pour s’appliquer tout entier à gouverner ses peuples avec douceur, et pour s’efforcer de les rendre heureux.

Une de ses maximes était, que la joie du prince dépendait de celle qui régnait parmi ses sujets, et qu’il ne doit goûter aucun plaisir, lorsque son peuple souffre. Il assembla souvent les États,