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TCHING VANG. Second empereur.
A régné trente-sept ans.


La jeunesse de Tching vang le mettait hors d’état de gouverner l’empire par lui-même. Tcheou kong son oncle, et premier ministre, dont la vertu était universellement respectée, se chargea de ce soin, et présida à l’éducation du jeune prince. Il le mit entre les mains d’un habile gouverneur, capable de le former aux vertus royales, et il fit paraître tant de désintéressement dans l’administration de l’État, que les princes tributaires s’empressèrent à lui rendre les hommages ordinaires.

Cependant la vertu ne fut pas dans la suite à couvert des traits de la calomnie. Des mécontents s’efforcèrent de rendre sa fidélité suspecte à l’empereur, et donnèrent à entendre que son dessein était d’employer l’autorité qui lui avait été confiée, à se faire des créatures, et à usurper la souveraineté.

Ces discours, qui se répandaient sourdement, étant venus aux oreilles du ministre, il prit aussitôt le parti de se retirer de la cour. Une pareille résolution affligea les gens de bien, qui connaissaient sa probité, et son zèle pour les intérêts de son neveu.

Cependant le jeune empereur, ravi de se voir hors de la tutelle de son oncle, prit avec joie le soin des affaires, mais il sentit bientôt toute la pesanteur du fardeau, dont il s’était chargé : une suite de mauvais succès le firent rentrer en lui-même ; il se fit apporter les registres secrets pour les consulter, et y chercher les moyens de se tirer d’embarras ; en les parcourant, il tomba sur l’endroit, où son père avait écrit de sa propre main l’action généreuse de Tcheou kong par laquelle il s’était dévoué à la mort pour lui conserver la vie.

Touché du vif et tendre attachement qu’un tel sujet avait eu pour son prince, il eut honte de sa défiance, et comprit le besoin qu’il avait des lumières d’un si grand homme. Il part à l’instant, va trouver ce fidèle ministre dans le lieu de sa retraite, et le conjure avec larmes de ne le pas abandonner, et de l’aider de ses conseils.

Tcheou kong fut ainsi rétabli dans ses honneurs, et dans sa première dignité, où il ne cessa de donner des preuves de son zèle pour la gloire de son prince, et pour le bien de l’État.

On rapporte de cet empereur qu’à la cinquième année de son règne, il se rappela les amusements de son enfance, et que renouvelant ses petits jeux avec son frère cadet, il lui donna en badinant, les patentes d’une petite souveraineté. Le colao Sou yé, son gouverneur, lui dit que ce présent, quoique