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Pour consoler son peuple dans un temps de sécheresse, il donna la liberté aux prisonniers, et accorda une amnistie générale, en ajoutant néanmoins que c’était une indulgence dont un prince devait user sobrement, de crainte que l’impunité des méchants ne fut préjudiciable aux gens de bien, et qu’il fallait arracher l’ivraie, de peur qu’elle ne nuisît au bon grain.

L’année septième de son règne, il visita en personne les prisons publiques. Il y avait trois cent quatre-vingt-dix prisonniers, qui tous méritaient la mort : il leur fit ouvrir les prisons, avec ordre d’y revenir aussitôt après la récolte. Tous, sans qu’un seul y manquât, s’y rendirent au temps marqué.

L’empereur fut tellement surpris de leur fidélité à garder leur parole, la joie qu’il en eut, fut si grande, qu’il leur accorda à tous la vie et la liberté.

Les annales chinoises rapportent, que la huitième année de ce règne, on vit arriver à la Chine des ambassadeurs des nations éloignées, dont l’air, la figure, et les habillements étaient tout à fait étrangers aux Chinois, qui n’en avaient jamais vu de semblables ; que l’empereur même s’applaudit, de ce que sous son règne, des hommes qui avaient les cheveux blonds et les yeux bleus, eussent pénétré dans son empire. Il paraît certain que ces étrangers sont ceux, dont on lit les noms sur le monument de pierre trouvé en 1625 à Si ngan fou dans la province de Chen si. On y voit la croix, un abrégé de la loi chrétienne, les noms de soixante-douze prédicateurs de cette loi, gravés en caractères syriaques, et la date qui marque l’année huitième du règne de Tai tsong.

On conserve dans la bibliothèque du roi un vieux manuscrit arabe, où on lit que c’est en ce même temps qu’un patriarche catholique des Indes envoya à la Chine des prédicateurs de l’Évangile. On les reçut avec honneur dans la ville impériale, où ils furent introduits par Fan hiuen ling, colao de l’empire.

Ce fut vers ce temps-là que l’empereur fît choix de treize personnes les plus distinguées par leur mérite, et par leur intégrité, pour visiter toutes les parties de son empire ; et en les envoyant, il leur donna plein pouvoir d’exercer souverainement la justice, et de punir sévèrement les gouverneurs des villes, et les vicerois des provinces, dont la conduite serait répréhensible.

Il fut sensiblement affligé l’année dixième de son règne par la perte qu’il fit de l’impératrice nommée Tchang sun. C’était une princesse, qui joignait à une rare prudence, une capacité peu ordinaire aux personnes de son sexe. On a remarqué que tant qu’elle vécut, de cette multitude d’officiers qui servent dans le palais, il n’y en eut aucun qu’on ait puni avec sévérité, ce qui est presque sans exemple.

L’empereur s’étant lassé des avis fréquents et importuns que lui donnait son colao