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du hasard. Ming tsong fut élu empereur par les Grands de l’empire.


MING TSONG. Second empereur.
A régné huit ans.


Le père du feu empereur avait adopté Ming tsong, quoiqu’il fût né hors de l’empire. Ce prince s’était toujours acquis une estime générale, et il répondit parfaitement au choix qu’on avait fait de lui. On loue principalement sa libéralité, sa modération, son amour de la paix, et la singulière affection qu’il avait pour ses peuples.

Quoiqu’il n’eût aucune teinture des lettres, il donna de continuelles marques de son estime pour les savants. Ce fut sous son règne que l’imprimerie fut inventée.

Les écrivains chinois louent encore sa piété et sa modestie : ils assurent que les soirs il brûlait des parfums à l’honneur du seigneur du Ciel, et qu’il implorait son secours en ces termes : « Je suis né barbare, et dans un pays de barbares : cependant au milieu des troubles, dont cet empire était agité, on a jeté les yeux sur moi pour le gouverner ; je ne souhaite qu’une seule chose, c’est que la céleste Majesté daigne bien veiller à ma conduite, et qu’elle m’envoie des hommes sages et expérimentés, dont les conseils puissent m’aider à ne faire aucune faute dans l’administration de cet État. »

En effet, il eut toujours dans son palais un grand nombre de gens sages et éclairés. C’est en les consultant, et en suivant leurs avis, qu’il fit plusieurs excellents règlements, et entr’autres celui d’exclure les eunuques de tout emploi public.

Les mêmes écrivains attribuent à la piété de ce prince la naissance de l’homme illustre, qui deviendra dans la suite le fondateur de la dix-neuvième dynastie : la paix profonde, dont on jouit tandis qu’il fut sur le trône ; et l’abondance qui régna dans toutes les provinces de l’empire.

Parmi les grands hommes que ce prince avait à sa cour, et dont il suivait les conseils, on parle avec grand éloge d’un de ses colao nommé Fong tao, qui était très éclairé, et très intègre. Il avait accoutumé de dire qu’il fallait gouverner un État avec la même attention, et les mêmes précautions, qu’on manie un cheval. « J’ai souvent voyagé à cheval, disait-il, dans des pays de montagnes très rudes, et tout à fait scabreux ; il ne m’y est jamais arrivé aucun accident, par l’attention que j’avais de tenir la bride haute ; au lieu que dans de belles plaines toutes unies, où ne croyant pas la même attention nécessaire, je lâchais la bride à mon cheval, je suis quelquefois tombé, avec danger