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GIN TSONG. Quatrième empereur.
N’a régné que quelques mois.


Il signala son avènement à la couronne par un trait admirable de sa tendre affection pour ses sujets. La famine étant devenue générale dans la province de Chan tong, il résolut d’y envoyer le colao Yang tse kié ; mais le colao ayant représenté qu’il serait bon de consulter les tribunaux sur les moyens d’assister un si grand peuple : « Point tant de délibérations, répondit l’empereur, quand mon peuple souffre, il faut voler à son secours avec autant de célérité et de promptitude, que s’il s’agissait d’éteindre un incendie ou d’arrêter une inondation subite. »

Quelques-autres lui ayant remontré, qu’il fallait faire le discernement de ceux qui avaient plus ou moins besoin de secours : « A la bonne heure, répliqua le prince, mais qu’on se garde bien d’entrer dans un trop grand détail, et qu’on ne craigne point d’aller au-delà de mes intentions par trop de libéralité. »

Il donnait beaucoup dans l’astrologie judiciaire. Un jour après avoir passé la nuit à observer les astres, ayant aperçu quelque changement dans les étoiles, il fit appeler deux de ses colao : « C’en est fait de ma vie, leur dit-il, vous avez été témoins de tout ce que j’ai eu à souffrir de la part de mes ennemis pendant vingt ans que j’ai demeuré dans le palais oriental : c’est vous qui m’avez soutenu par votre fidélité et par votre union ; recevez ce gage de mon amitié : » En disant ces paroles, il leur donna à chacun un sceau, où il avait fait graver ces deux caractères : Tchong Tching, c’est-à-dire, ministre fidèle et intègre. Ils reçurent, les larmes aux yeux, cette marque de distinction ; et c’est de ce sceau qu’ils cachetèrent dans la suite toutes leurs dépêches.

Depuis ce temps-là l’empereur ne fit que languir. On dépêcha un courrier à son fils, qui tenait sa cour à Nan king : il partit en poste, mais il n’eut pas la consolation d’entendre les dernières paroles de son père : il le trouva mort.

Ce prince qui était âgé de quarante-huit ans, mourut la quarante-deuxième année de ce cycle, et cette année fut attribuée au règne de son fils Suen tsong, contre la coutume de la Chine, qui veut que l’année où meurt l’empereur, soit comptée parmi les années de son règne.