Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/578

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l’empereur, tout jeune qu’il était, se mit à la tête d’une grosse armée, et marcha contre les Tartares au-delà de la grande Muraille. Mais cette armée s’étant fort affaiblie par la disette des vivres, ne put soutenir le choc de l’ennemi, et fut entièrement défaite. L’empereur fut fait prisonnier, et conduit dans le fond de la Tartarie.

Cette nouvelle consterna toute la cour. On mit sur le trône son fils, qui n’avait que deux ans, et on donna à cet enfant pour tuteur King ti, frère aîné du prisonnier, lequel usurpa bientôt, et le titre, et l’autorité d’empereur.

Cependant l’impératrice envoya quantité d’or, d’argent, et de soieries pour la rançon de l’empereur : le roi tartare reçut ce qu’on lui présenta, et fit conduire son prisonnier jusqu’aux confins de la Chine, comme s’il eût consenti à le rendre. Mais après quelques jours il trouva que cette rançon n’était pas proportionnée à la dignité d’un si grand prince, et il le ramena dans la Tartarie.


KING TI. Septième empereur.
Règne sept ans à la place de son frère.


L’année septième du cycle King ti occupa le trône de son frère, qui était prisonnier en Tartarie. On était pourtant convenu avec le Tartare du retour de ce prince, et on envoya des Grands pour le recevoir : mais le Tartare trouva qu’ils n’étaient pas d’un rang assez distingué pour accompagner un si puissant empereur, et que tout ce qu’il y avait de plus grand dans l’empire devait venir à sa rencontre.

Il fut conduit avec une nombreuse escorte jusque sur les frontières de la Chine, près de la montagne de Tang kia lin, et c’est de là que ce prince écrivit à sa cour qu’il renonçait à l’empire, pour vivre désormais en repos dans la solitude, et qu’ainsi l’on ne fît aucun préparatif pour sa réception : afin même d’éviter tout cortège, il entra dans la ville par une autre porte, que par celle où naturellement il devait passer.

Les deux frères se rencontrèrent, et après s’être embrassés tendrement et avec larmes, King ti suivi de tous ses courtisans, mena son frère dans le palais du midi, qu’il avait choisi pour le lieu de sa retraite.

King ti continua donc de régner : il songeait même à déclarer son fils héritier de l’empire, il avait fixé le jour de la naissance de ce jeune prince pour cette cérémonie. S’entretenant un jour avec un de ses colao : « La naissance du prince héritier, lui dit-il, arrive le second jour de la septième lune. » « Permettez-moi de vous dire, répondit