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Chine, de se faire aimer et redouter des princes tartares ses sujets, en étalant d’une part à leurs yeux toute la magnificence de sa cour, et la grandeur de sa puissance ; et d’une autre part en rendant son autorité aimable par son affabilité, et par ses bienfaits.


Cycle LXVIII. Année de J. C. 1684.

La troisième année de ce nouveau cycle Tching ké san, petit-fils de ce fameux pirate, qui avait enlevé l’île de Formose aux Hollandais, fut forcé de la remettre entre les mains de l’empereur, et de se rendre à Peking où il fut revêtu de la qualité de comte.

La quatrième année du cycle cinq nouveaux missionnaires jésuites français arrivèrent à Peking le 7 février. Ils s’étaient embarqués à Brest au mois de mars de l’année 1685.

Louis XIV, de glorieuse mémoire, qui, à tant de vertus héroïques, par lesquelles il a mérité le nom de Grand, joignait le plus grand zèle pour la propagation de la foi, avait honoré ces pères du titre de ses mathématiciens, et les avait gratifié et de pensions réglées, et de magnifiques présents.

Ils n’eurent pas la consolation de voir le père Verbiest, auquel ils étaient redevables de leur entrée dans la Chine.

Cet homme apostolique était mort le 27 janvier généralement regretté de l’empereur, des Grands, et du peuple. Le père Grimaldi fut nommé pour remplir sa place. Des cinq pères nouvellement arrivés, l’empereur réserva pour sa cour les pères Gerbillon et Bouvet.

L’année suivante les pères Gerbillon et Pereyra eurent ordre de l’empereur d’accompagner en Tartarie les ambassadeurs chinois, qui allaient régler avec les plénipotentiaires moscovites les limites des deux empires.

La Chine jouissait d’une profonde paix, et elle en était redevable à la sagesse et aux lumières supérieures de l’empereur. L’application infatigable de ce grand prince à toutes les affaires de son État, son équité et sa pénétration dans le choix des sujets propres à remplir les premières charges, sa frugalité et son éloignement de tout luxe pour sa personne, joint à sa prodigalité et à la magnificence dans les dépenses de l’État ; sa tendresse pour ses peuples et sa promptitude à les secourir ; sa fermeté à maintenir les lois dans leur vigueur, et à les faire observer ; la vigilance continuelle sur la conduite des vicerois et des gouverneurs, et l’empire absolu qu’il avait acquis sur lui même, tout cela entretenait la plus parfaite subordination dans tous les membres de ce vaste empire : sans laquelle il n’y a d’ordinaire que troubles et que confusion.

Tout occupé qu’était ce prince du gouvernement de son empire, il trouva encore le loisir de s’appliquer aux sciences pour lesquelles il avait un goût et un génie particulier. Il ne se contenta pas de la littérature chinoise, dans laquelle il était très versé ; il voulut s’instruire encore des sciences d’Europe, savoir, de la géométrie, de l’algèbre, de la physique, de l’astronomie, de la