Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est revêtu de l’autorité de l’empereur, et par là inspirer du respect aux peuples.

A la vérité on trouve dans les livres chinois plusieurs autres espèces de supplices, quelques-uns même assez extraordinaires, mais on y fait observer en même temps, qu’ils n’ont jamais été employés que par des princes barbares, et regardés par toute la nation comme des tyrans. Il faut, disent-ils, être juste sans être cruel.

Si le pouvoir du magistrat dans les affaires criminelles est ainsi restreint par les lois, il est comme absolu dans des matières civiles, puisque toutes les affaires qui regardent purement les biens des particuliers, sont jugées par les grands officiers des provinces, sans appel aux Cours souveraines de Peking auxquelles cependant les particuliers dans les grandes affaires peuvent porter leurs plaintes.


Levée des tailles.

Ce qui donne le plus d’occupation aux mandarins inférieurs, soit Tchi tcheou, soit Tchi hien, soit Ouei cheou pei, c’est la levée des tailles, dont ils sont chargés personnellement. Quoique toutes les terres soient mesurées, et que ce qu’on doit donner par chaque arpent, soit déterminé dans chaque province, à proportion de la bonté du terroir ; cependant, soit pauvreté, soit avarice, il est assez ordinaire que le peuple attende pour payer, le temps où il est harcelé par les gens du tribunal. Il arrive même que pour se faire payer il en faut venir aux coups. Et quand on reproche à ces espèces de sergents la dureté avec laquelle ils pressent le payement, ils disent pour s’excuser, que quand on les envoie dans un village, avec ordre de se faire payer s’ils ne rapportent pas la taille, leurs maîtres les soupçonnent ou de n’avoir pas fait leur devoir, ou d’avoir reçu des présents ; que sur ce simple soupçon, sans autre examen, on leur fait donner la bastonnade. Les mandarins d’autre part prétendent justifier leur conduite, par la nécessité indispensable où ils sont d’en agir de la sorte. Ils répètent sans cesse, que n’ayant pu tirer les droits du peuple dans le temps marqué, ils se sont vus plus d’une fois obligés de satisfaire l’empereur de leurs propres deniers, de crainte d’être cassés de leurs emplois, ce qui est vrai et connu de tous ceux qui savent les affaires ; que d’ailleurs plusieurs provinces sont fort obérées, et qu’elles doivent au trésor royal de gros arrérages, dont apparemment elles ne s’acquitteront jamais. Mais pour obvier à cet inconvénient, l’empereur régnant a réglé que désormais les propriétaires des terres seront tenus de payer la taille, et non pas ceux qui les cultivent.

Outre les grands mandarins de chaque province que j’ai nommés, il y en a encore un plus considérable, appelle tsong tou. Sa juridiction s’étend sur deux provinces ou si nous voulons comparer les vicerois à nos intendants, quoiqu’il y ait beaucoup de différence pour l’autorité et pour l’étendue du district, elle s’étend au moins sur deux généralités : car dans les provinces les plus vastes, telles que sont le Hou quang, le Chen si etc, le tsong tou n’a soin que d’une province, mais la province est partagée en deux gouvernements, et chaque gouvernement a son viceroi. Il doit garder des ménagements avec eux, et le détail en est fixé par les lois et par la coutume car il n’est leur supérieur qu’en certaines choses,