on s’assied. Comme ils n’ont point de cheminées, rien ne leur est plus commode : toute la famille y travaille sans ressentir le moindre froid, et sans qu’il soit nécessaire de prendre des habits fourrés de peaux : c’est à l’ouverture du fourneau que le menu peuple fait cuire sa viande et comme les Chinois boivent toujours chaud, il y fait chauffer son vin, et il y prépare son thé. Les lits sont plus grands dans les hôtelleries, afin que plusieurs voyageurs y trouvent leur place.
Magnificence des Chinois dans les voyages.
La magnificence de l’empereur et de sa cour, et les richesses des mandarins, surpassent ce que l’on en peut dire : on est frappé d’abord de ne voir que soie, que porcelaines, que meubles et cabinets, qui n’étant pas plus riches, ont quelque chose de plus brillant que le commun des ouvrages d’Europe. Mais ce n’est pas en cela principalement que consiste la magnificence des seigneurs de la Chine ; ils se négligent d’ordinaire dans le domestique, et les lois en bannissent le luxe et le faste : elles ne le leur permettent, et ne l’approuvent, que lorsqu’ils paraissent en public, lorsqu’ils font ou reçoivent des visites, ou quand ils font leur cour à l’empereur, et qu’ils sont admis en sa présence.
J’ai déjà parlé du train superbe des mandarins, et de la suite nombreuse de leurs officiers : les gens de guerre qui vont d’ordinaire à cheval n’affectent pas moins un air de grandeur qui surprend. A la vérité leurs chevaux ne sont pas fort beaux, mais le harnais en est magnifique : le mors et les étriers sont dorés, ou d’argent ; la selle est très riche ; la bride est de trois laisses de gros satin piqué, large de deux doigts ; à la naissance du poitrail pendent deux gros flocons de ce beau crin rouge, dont ils couvrent leurs bonnets : ces flocons sont suspendus par des anneaux de fer doré ou argenté ; ils sont toujours précédés et suivis d’un grand nombre de cavaliers, qui leur font cortège ; sans compter leurs domestiques, qui selon la qualité de leur maître, sont vêtus ou de satin noir, ou de toile de coton teinte en couleur.
Dans les audiences des ambassadeurs.
Mais où la magnificence chinoise éclate davantage, c’est lorsque l’empereur donne audience aux ambassadeurs, ou qu’assis sur son trône, il voit à ses pieds les principaux seigneurs de sa cour, et tous ses grands mandarins en habits de cérémonie, qui lui rendent leurs hommages.
C’est un spectacle véritablement auguste, que ce nombre prodigieux de soldats sous les armes, cette multitude inconcevable de mandarins avec toutes les marques de leur dignité, et placés chacun selon son rang dans un