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Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/147

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Des cérémonies qu’ils observent dans leurs devoirs de civilités, dans leurs visites, et les présents qu’ils se font les uns aux autres, dans les lettres qu’ils s’écrivent, dans leurs festins, leurs mariages, et leurs funérailles.


Il n’y a rien où la nation chinoise paraisse plus scrupuleuse, qu’aux cérémonies et aux civilités dont elle use : elle est persuadée qu’une grande attention à s’acquitter de tous les devoirs de la vie civile, est capable plus que toute autre chose, d’ôter aux esprits une certaine rudesse, avec laquelle on naît, d’inspirer de la douceur, et de maintenir la paix, le bon ordre, et la subordination dans un État : c’est, disent les Chinois, par la modestie et la politesse dans la société civile, que les hommes se distinguent des bêtes féroces.

Parmi leurs livres, qui contiennent ces règles de civilité, il y en a un, où l’on en compte plus de trois mille différentes. Tout y est prescrit dans le détail : les saluts ordinaires, les visites, les présents, les festins, tout ce qui se pratique en public, ou dans le particulier, sont plutôt des lois, que des usages introduits peu à peu par la coutume.

Cette police des civilités publiques se réduit presque toute, à régler la manière dont on doit s’incliner, se mettre à genoux, se prosterner une ou plusieurs fois, selon le temps ou le lieu, selon l’âge et la qualité des personnes, surtout quand on se visite, quand on fait des présents, ou qu’on donne à manger à ses amis.

Les étrangers qui sont obligés de se conformer à ces usages, sont d’abord étonnés de ces fatigantes cérémonies. Les Chinois qui y sont élevés dès l’enfance, loin de s’en rebuter, s’en font un mérite, et croient que c’est faute d’une semblable éducation, que les autres nations sont devenues barbares.

Et afin qu’avec le temps on ne se relâche point dans l’observation de ces usages, il y a un tribunal à Peking, dont la principale fonction est de conserver les cérémoniaux de l’empire.

Ce tribunal est si rigoureux, qu’il ne veut pas même que les étrangers y manquent. C’est pour cela qu’avant que d’introduire les ambassadeurs à la cour, la coutume est de les instruire en particulier pendant quarante jours, et de les exercer aux cérémonies du pays, à peu près comme on exerce nos comédiens, quand ils doivent représenter une pièce sur le théâtre.

On raconte que dans une lettre que le grand duc de Moscovie écrivait autrefois à l’empereur de la Chine, il priait Sa Majesté de pardonner à