Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/221

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Le quarantième jour depuis la fleur, cette gousse s’ouvre d’elle-même, et se fendant en trois endroits, elle montre trois ou quatre petites enveloppes de coton, d’une blancheur extrême, et de la figure des coques de vers à soie : elles sont attachées au fond de la gousse ouverte, et contiennent les semences de l’année suivante. Alors il est temps de faire la récolte : néanmoins, quand il fait beau temps, on laisse le fruit encore deux ou trois jours exposé au soleil, la chaleur l’enfle, et le profit en est plus grand.

Comme tous les fibres du coton sont fortement attachées aux semences qu’elles renferment, on se sert d’un rouet pour les en séparer : ce rouet a deux rouleaux fort polis, l’un de bois, et l’autre de fer, de la longueur d’un pied, et de la grosseur d’un pouce : ils sont tellement appliqués l’un à l’autre, qu’il n’y paraît aucun vide : tandis qu’une main donne le mouvement au premier de ces rouleaux, et que le pied le donne au second, l’autre main leur applique le coton, qui se détache par le mouvement, et passe d’un côté, pendant que la semence reste nue et dépouillée de l’autre. On carde ensuite le coton, on le file, et l’on en fait des toiles.


De l'arbre Kou chu

Il y a un autre arbre appelle kou chu, qui ressemble assez à nos figuiers, soit par le bois de ses branches, soit par ses feuilles : sa racine pousse ordinairement plusieurs tiges ou petits troncs en forme de buisson, quelquefois un seul : on en voit dont le tronc est droit, rond, et dont la grosseur a plus de neuf ou dix pouces de diamètre. Les branches sont d’un bois léger, moelleux, et couvert d’une écorce semblable à celle du figuier. Les feuilles sont profondément découpées : deux découpures principales les refendent chacune en trois feuillages artistement échancrés de part et d’autre. La couleur, soit en dessus, soit en dessous et la contexture des fibres, est la même que dans les feuilles de figuier, mais elles sont plus grandes, plus épaisses et plus rudes à toucher par le dessus, au lieu que par le dessous elles sont fort douces, à cause d’un coton court et fin, dont elles sont couvertes. Il y en a quelques-unes, qui n’étant nullement échancrées, sont de la figure d’un cœur allongé.

Cet arbre rend un lait, dont les Chinois se servent pour appliquer l’or en feuille : ils tirent ce lait en cette manière : ils font une ou plusieurs incisions horizontales et de bas en haut au tronc de cet arbre, et dans la fente ils insèrent le bord d’une coquille de mer, ou quelque autre semblable récipient, dans lequel le lait ayant distillé, ils le ramassent, et s’en servent avec le pinceau, dont ils font la figure qu’il leur plaît sur le bois, ou sur quelque autre matière que ce soit : ils appliquent aussitôt des feuilles d’or sur ces figures qui les attirent si fortement, que jamais l’or ne s’en détache.


De l'arbre Lung ju çu.

L’arbre que les Chinois appellent lung ju çu, a le tronc gros comme nos grands pruniers : il se partage de bonne heure en deux ou trois grosses branches, et celles-ci en de plus petites : son écorce est d’un gris tirant sur le roux, et moucheté comme le coudrier : l’extrémité des branches est noueuse, tortue, inégale, et pleine de moelle, comme dans le noyer.

Le fruit qui pend a de longs pédicules verts et fibreux, comme ceux des