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Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/238

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Pe tche li jusqu’au Mogol, à la Perse, et à la mer Caspienne, résolut de fixer son séjour à Peking, afin d’être comme au centre de ses vastes États, pour les gouverner avec plus de facilité. Comme les provinces septentrionales ne pouvaient pas fournir les provisions que demandait la subsistance d’une si grande ville, il fit construire un grand nombre de vaisseaux et de longues barques, pour faire venir des provinces voisines de la mer, du riz, des toiles de coton, des soies, des marchandises, et les autres denrées nécessaires pour l’entretien de sa nombreuse cour, et de ses troupes.

Mais ayant éprouvé que cette voie était périlleuse ; que les calmes arrêtaient trop longtemps les provisions ; et que les tempêtes causaient beaucoup de naufrages ; il employa des ouvriers sans nombre, qui avec des frais immenses, et avec une industrie qu’on admire encore aujourd’hui, ouvrirent au travers de plusieurs provinces ce prodigieux canal, sur lequel on transporte toutes les richesses du midi au septentrion. Il traverse la province de Pe tche li et celle de Chan tong. Il entre ensuite dans la province de Kiang nan, et se décharge dans ce grand et rapide fleuve, que les Chinois nomment Hoang ho, ou fleuve Jaune. On navigue sur ce fleuve pendant environ deux jours, et l’on entre dans une autre rivière, ou peu après on trouve de nouveau le canal qui conduit à la ville de Hoai ngan ; il passe ensuite par plusieurs villes et bourgades, et arrive à la ville de Yang tcheou, l’un des plus célèbres ports de l’empire. Peu après il entre dans le grand fleuve Yang tse kiang, à une journée de Nan king.

On continue sa route sur ce fleuve jusqu’au lac Po yang de la province de Kiang si qu’on traverse, après quoi l’on entre dans la rivière de Kan kiang qui divise en deux parties presque égales cette province de Kiang si, et qui remonte jusqu’à Nan ngan. Là on fait une journée par terre jusqu’à Nan hiong première ville de la province de Quang tong, où l’on s’embarque sur une rivière qui conduit à Canton : en sorte qu’on peut voyager très commodément ou sur des rivières, ou sur des canaux, depuis la capitale jusqu’à l’extrémité de la Chine, c’est-à-dire, qu’on peut faire par eau environ six cents lieues.

On donne ordinairement une brasse et demie d’eau à ce canal, pour faciliter la navigation. Quand les eaux sont grandes, et qu’il est à craindre que les campagnes voisines n’en soient inondées, on a soin de pratiquer des rigoles en divers endroits, pour conserver l’eau à une certaine hauteur ; et l’on entretient des inspecteurs qui visitent continuellement le canal avec des ouvriers, pour en réparer les ruines.


Des fleuves.

Les rivières navigables sont pareillement en très grand nombre, ainsi qu’on l’a pu voir dans la description des provinces que j’ai faites : et c’est pourquoi il me suffit de parler ici de deux grands fleuves qui traversent ce vaste empire.

Le premier qui se nomme Yang tse kiang, qu’on traduit ordinairement, le fils de la mer ; ou Ta kiang, c’est-à-dire, grand fleuve ; ou simplement Kiang, qui veut dire le fleuve par excellence, coule de l’occident à l’orient,