Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et prend sa source dans les montagnes du pays des Toufan, vers le 33e degré de latitude. Il a différents noms selon la diversité des endroits par où il passe, et se divisant en plusieurs bras, il forme quantité d’îles qui sont couvertes de joncs, lesquels servent au chauffage des villes d’alentour. Il traverse une partie de la province de Yun nan, les provinces de Se tchuen, de Hou quang, et de Kiang nan. Son cours est très rapide, mais après plusieurs détours qu’il fait dans ces provinces, ou il perd et reprend son nom de Ta kiang jusqu’à la ville de Kin tcheou, il commence à être retenu par le reflux de la mer, qui va jusqu’à la ville de Kieou kiang, et il coule avec plus de lenteur. En tout temps mais surtout à la nouvelle et à la pleine lune, il est si tranquille, que l’on y peut aller à la voile : il passe ensuite par Nan king, et va se jeter dans la mer orientale, vis-à-vis l’île de Tsong ming.

Ce fleuve est large, profond, et extrêmement poissonneux. Les Chinois disent communément que la mer est sans rivage et le Kiang sans fond : Hai vou pin, Kiang vou ti. Ils prétendent que dans plusieurs endroits ils ne trouvent point le fond avec la sonde, et que dans d’autres il y a deux de trois cents brasses d’eau. Mais il y a de l’apparence qu’ils exagèrent, et que leurs pilotes ne portant que cinquante ou soixante brasses de corde, en ont jugé ainsi, parce qu’ils ne trouvaient pas le fond avec leurs sondes ordinaires.

Il paraît qu’ils se trompent pareillement lorsqu’ils traduisent Yang tse par le fils de la mer : car le caractère dont on se sert pour écrire Yang, est différent de celui qui signifie la mer, quoique le son et l’accent soient les mêmes. Parmi plusieurs significations qu’il a, celle qu’on lui donnait autrefois, appuie cette conjecture : du temps de l’empereur Yu, il signifiait une province de la Chine, que ce fleuve borne au sud, et il est croyable qu’on lui a donné ce nom parce que cet empereur détourna dans ce fleuve, les eaux qui inondaient cette province.


Du fleuve Hoang ho, ou Fleuve Jaune.

Le second fleuve s’appelle Hoang ho ou fleuve Jaune. On lui a donné ce nom, à cause de la couleur de ses eaux mêlées de terre jaunâtre, qu’il détache de son lit par la rapidité de son cours. Il prend sa source dans les montagnes du pays des Tartares de Ko ko nor, vers le 35e degré de latitude. Après avoir arrosé ce pays, il coule durant quelque temps le long de la grande Muraille, il se jette ensuite sur les terres des Tartares Ortos, et rentre dans la Chine entre les provinces de Chan si et de Chen si ; puis il traverse la province de Ho nan, une partie de celle de Kiang nan, et après un cours d’environ six cents lieues, il se décharge dans la mer orientale, assez près de l’embouchure du fleuve Yang tse kiang.

Quoique ce fleuve soit fort large, et qu’il traverse une grande étendue de pays, il n’est pas trop navigable, parce qu’il est presque impossible de le remonter, à moins qu’on ait un vent favorable et forcé. Il fait quelquefois de grands ravages dans les lieux par où il passe, et il est souvent arrivé que ruinant ses rives, il a inondé tout à coup les campagnes, et submergé des villages et des villes entières. Aussi est-on obligé d’en faire soutenir