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Les magistrats qui ont reçu les sceaux de l’empereur, les font porter devant eux dans les grandes cérémonies, ou lorsqu’ils rendent visite à une personne à qui ils veulent témoigner du respect. Ils sont renfermés dans un coffre doré, et portés par deux hommes sur un brancard qui précède la chaise du mandarin. Quand il arrive dans le lieu où il va rendre visite, on dresse un buffet qu’on couvre d’un tapis, sur lequel on pose le coffre où les sceaux sont renfermés.


Revenus de l'empereur.

Si l’empereur de la Chine est si puissant par la vaste étendue des États qu’il possède, il ne l’est pas moins par les revenus qu’il en tire. Il n’est pas facile de déterminer au juste à quelles sommes ils montent car le tribut annuel se paie partie en argent, partie en denrées. On le tire de toutes les terres même des montagnes, du sel, des soies, des étoffes de chanvre et de coton, et de diverses autres denrées, des ports, des douanes, des barques, de la marine, des forêts, des jardins royaux, des confiscations, etc.

Le tribut personnel de tous ceux qui ont vingt ans jusqu’à soixante, monte à des sommes immenses, à cause du grand nombre des habitants de l’empire : on tient communément qu’autrefois il y avait plus de 58 millions de personnes qui payaient ce tribut. Dans le dénombrement qui se fit sous le feu empereur Cang hi au commencement de son règne, on trouva onze millions cinquante-deux mille huit cent soixante douze familles ; et d’hommes capables de porter les armes, cinquante neuf millions sept cent quatre-vingt-huit mille trois cent soixante-quatre. On ne compte ici ni les princes, ni les officiers de la cour, ni les mandarins, ni les soldats qui ont servi et obtenu leur congé, ni les lettrés, les licenciés, les docteurs, ni les bonzes, ni les enfants qui n’ont pas encore atteint l’âge de 20 ans, ni la multitude de ceux qui demeurent sur les rivières ou sur mer, dans des barques. Le nombre des bonzes monte à beaucoup plus d’un million. Il y en a dans Peking au moins deux mille qui ne sont pas mariés, et dans les temples des idoles en divers endroits ; on en compte trois cent cinquante mille établis avec des patentes de l’empereur. Le nombre des seuls bacheliers est d’environ quatre-vingt-dix mille. Mais depuis ce temps-là où les guerres civiles et l’établissement des Tartares avaient fait périr un peuple sans nombre, la Chine s’est extrêmement peuplée pendant la longue suite des années qu’elle a joui d’une paix profonde.

De plus on entretient dix mille barques aux frais de l’empereur, qui sont destinées à porter tous les ans à la cour le tribut qui se paie en riz, en étoffes, en soies, etc . L’empereur reçoit chaque année quarante millions cent cinquante-cinq mille quatre cent quatre-vingt-dix sacs de six vingt livres chacun, de riz, de froment et de mil ; un million trois cent quinze mille neuf cent trente-sept pains de sel de 50 livres chacun : Deux cent dix mille quatre cent soixante-dix sacs de fève, et vingt-deux millions cinq cent quatre-vingt-dix-huit mille cinq cent quatre-vingt-dix-sept bottes de paille pour la nourriture de ses chevaux.

En étoffes ou en soie, les provinces lui fournissent cent quatre-vingt-onze mille cinq cent trente livres de soie travaillée, et la livre est de 20 onces ;