Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/290

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Comme il n’y a point de bambou en Europe, je crois qu’on y pourrait suppléer par le charbon de saule, ou encore mieux par celui de sureau, qui a quelque chose d’approchant du bambou.

Il est à observer 1° Qu’avant que de réduire le bambou, il faut en détacher la peau verte, parce qu’on assure que la cendre de cette peau fait éclater la porcelaine dans le fourneau. 2° Que l’ouvrier doit prendre garde de toucher la porcelaine avec les mains tachées de graisse ou d’huile : l’endroit touché éclaterait infailliblement durant la cuite.

Je dois ajouter une particularité que j’ai remarquée tout récemment ; c’est qu’avant qu’on donne le vernis à la porcelaine, on achève de la polir, et d’en retrancher les plus petites inégalités ; ce qui s’exécute par le moyen d’un pinceau fait de petites plumes fort fines. On humecte ce pinceau simplement avec de l’eau, et on le passe partout d’une main légère ; mais c’est principalement pour la porcelaine fine qu’on se donne ce soin.

Quand on veut donner un vernis qui rende la porcelaine extrêmement blanche, on met sur treize tasses de pe yeou, une tasse de cendres de fougères aussi liquides que le pe yeou. Ce vernis est fort, et ne doit point se donner à la porcelaine qu’on veut peindre en bleu, parce qu’après la cuite, la couleur ne paraîtrait pas à travers le vernis. La porcelaine à laquelle on a donné le fort vernis, peut être exposée sans crainte au grand feu du fourneau. On la cuit ainsi toute blanche, ou pour la conserver dans cette couleur, ou bien pour la dorer ou la peindre de différentes couleurs, et ensuite la recuire. Mais quand on veut peindre la porcelaine en bleu, et que la couleur paraisse après la cuite, il ne faut mêler que sept tasses de pe yeou avec une tasse de vernis, ou de la mixtion de chaux et de cendres de fougères.

Il est bon d’observer encore en général, que la porcelaine, dont le vernis porte beaucoup de cendres de fougères, doit être cuite à l’endroit tempéré du fourneau, c’est-à-dire, ou après trois premiers rangs, ou dans le bas à la hauteur d’un pied ou d’un pied de demi. Si elle était cuite au haut du fourneau, la cendre se fondrait avec précipitation, et coulerait au bas de la porcelaine. Il en est de même du rouge à l’huile, du rouge soufflé, et du long tsiuen, à cause de la grenaille de cuivre qui entre dans la composition de ce vernis. Au contraire on doit cuire au haut du fourneau la porcelaine, à laquelle on a donné simplement le tsoui yeou. C’est, comme je l’ai dit, ce vernis qui produit une multitude de veines, en sorte que la porcelaine semble être de pièces rapportées.

Quand on veut que le bleu couvre entièrement le vase, on se sert de leao ou d’azur préparé et délayé dans de l’eau, à une juste consistance, et on y plonge le vase. Pour ce qui est du bleu soufflé, appelle tsoui tsing, on y emploie le plus bel azur préparé de la manière que je l’ai expliqué : on le souffle sur le vase, et quand il est sec, on donne le vernis ordinaire, ou seul, ou mêlé de tsoui yeou, si l’on veut que la porcelaine ait des veines.

Il y a des ouvriers, lesquels sur cet azur, soit qu’il soit soufflé ou non, tracent des figures avec la pointe d’une longue aiguille : l’aiguille lève autant