Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/339

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qui la rendent difficile. On s’en sert surtout, lorsqu’on veut écrire promptement. Ce qui concerne la manière de prononcer les mots chinois, et de les orthographier en caractères d’Europe, donnera un nouveau jour à ce qui vient d’être dit sur le génie de cette langue.





De la prononciation chinoise, et de l’orthographe des mots chinois en caractères d’Europe.


Il n’est pas possible aux Chinois d’écrire les langues d’Europe, avec leurs caractères, et même de bien prononcer aucune de ces langues, parce que d’un côté ces caractères, bien qu’en si grand nombre n’expriment qu’environ trois ou quatre cents syllabes, et n’en peuvent exprimer d’autres ; et que d’un autre côté on ne trouve point dans le son de ces syllabes les cinq lettres suivantes : b, d, r, x, z : de sorte qu’un Chinois qui voudrait les prononcer, ne pourrait le faire, qu’en y changeant quelque chose, et se servant des sons qui en approchent le plus dans sa langue. Il semble pourtant que d et z soient dans ce mot y-tseë, que quelques-uns prononcent y-dseë ; mais le même Chinois qui dira bien y-dseë, ne pourra dire, da, de, di, do, du ; ni za, ze, zi, zo, zu.

De même c’est vainement qu’on voudrait écrire les mots chinois en caractères d’Europe : outre qu’on ne réussirait pas dans plusieurs, au bout d’une page, on ne pourrait plus rien comprendre à ce qu’on aurait écrit. C’est une nécessité d’apprendre à connaître les lettres chinoises, et il serait bon de s’accoutumer d’abord à ne voir aucun mot chinois écrit en caractères européens, que la lettre chinoise ne fût à côté.

Pour la prononciation, elle est très difficile, non seulement à cause des accents, qui ne s’apprennent que par l’usage ; mais bien plus, parce qu’il y a plusieurs mots, que nous ne pouvons ni prononcer, ni écrire. Les dents des Chinois sont disposées autrement que les nôtres : le rang d’en haut, par exemple, sort, et avance presque à tous en dehors, et le rang d’en bas rentre et se retire en dedans ; au lieu que les dents des Européens se choquent toutes par l’extrémité, celles des Chinois tombent quelquefois sur la lèvre inférieure, ou du moins sur les gencives, et ne se rencontrent presque jamais assez justes.

Tous les mots chinois écrits à l’européenne, se terminent par une des cinq voyelles a, e, i, o, u, et par une n tantôt seule, et qui produit an, en, in, on un, et tantôt suivie d’une autre consonne, ce qui fait ang, eng, ing, ong, ung. Les lettres initiales qui commencent les mots, tiennent de plusieurs langues d’Europe pour la prononciation. Il faut parler de tout cela le plus brièvement et le plus clairement qu’il sera possible.

L’A final n’a d’autre difficulté que celle de divers accents.