Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/360

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au baume du Pérou, pour en augmenter la quantité. Cette huile tirée du sou ho, paraît être le storax liquide, qui est une matière visqueuse, de couleur grise, d’une odeur forte et aromatique, et qui a la consistance d’un baume épais.

2° Le kan sung est une plante qui entre dans différentes compositions de parfums. Elle est d’une nature tempérée et douce au goût, ainsi que le marque le terme kan ; ses feuilles sont très fines et pressées. On ajoute que cette plante est très salutaire dans les douleurs de ventre.

Tsu ya est ainsi nommé, parce que le fruit de l’arbrisseau a la figure, la longueur, et la grosseur d’une défense de sanglier qui sort de la mâchoire d’en bas : on y ajoute les deux termes tsao ko, qui signifient une espèce de corne noire, ce qui ferait croire que ce pourrait bien être le fruit carouge, ou silique, dont la figure approche de celle d’une corne, et qui est d’une couleur rouge et obscure. Il est seulement à observer que la silique chinoise n’est pas si longue que celle du carouge, et qu’au lieu d’être plate, elle est presque ronde, pleine de cellules, contenant une substance moelleuse, d’un goût ingrat, et âpre.

4° Au lieu de la colle o kiao qui se fait de la peau d’un âne noir, avec une eau particulière, qui ne se trouve que dans un endroit de la province de Chan tong, on peut y employer la colle forte d’une autre espèce, par exemple, celle que nous nommons taurina.

5° Le lit de cendres froides, où l’on ensevelit l’encre nouvellement faite, sert à attirer ce que la colle aurait laissé de trop fort et de trop tenace dans l’encre.

Je joins à cette première recette, une autre plus courte, et plus aisée qu’on tient des Chinois, et qui suffira peut-être pour faire de l’encre d’un beau noir, ce qu’on regarde comme une chose essentielle. Brûlez, disent-ils, du noir de fumée dans un creuset, et tenez le sur le feu, jusqu’à ce qu’il ne fume plus ; brûlez pareillement de l’inde dans un creuset, jusqu’à ce qu’il ne s’en élève aucun souffle de fumée[1] ; faites dissoudre de la gomme adragant, et lorsque l’eau employée à la dissolution sera assez épaisse, ajoutez-y le noir de fumée, et l’inde, et remuez-bien le tout avec l’espatule : ensuite jetez cette pâte dans des moules. Il faut prendre garde de ne pas mettre trop d’inde, qui donnerait un noir violet.

Une troisième recette beaucoup plus simple, et d’une exécution plus facile m’a été communiquée par le père Contancin, qui l’a eu de Chinois aussi bien instruits qu’on peut l’être : car on ne doit pas s’attendre que les habiles ouvriers fassent part de leur secret ; ils se donnent bien de garde de le divulguer, et ils en font mystère à ceux-mêmes de leur nation.

On met cinq ou six mèches allumées dans un vase plein d’huile : on pose sur ce vase un couvercle de fer, fait en forme d’entonnoir : il le faut mettre à une certaine distance, en sorte qu’il reçoive toute la fumée. Quand il

  1. Sans doute qu’ils entendent l’inde en maron, ou le suc d’inde mis en pain, qui vient de Leao tong.