Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/400

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Que cette pensée me donne de joie ! C’est avec la plus profonde vénération, que je vais rapporter les différents règlements, tels que je les ai tirés des écrits de nos sages maîtres ; chacun pourra choisir dans ce recueil, ce qu’il jugera le plus convenable au dessein que je propose. Je réduis ces règlements au nombre de douze.


I

Les qualités nécessaires pour être admis dans l’académie, sont l’estime et l’attachement qu’on doit avoir pour la vraie doctrine[1]. Pour parvenir à être savant et vertueux, il faut avoir une haute idée de la doctrine de nos sages, et rapporter son étude à marcher sur leurs traces ; leurs ouvrages ont pour but la pratique : la vertu des académiciens doit faire honneur au lieu où ils s’assemblent. Ainsi les chefs de l’académie n’y admettront que des gens qui auront du zèle et de l’ardeur, pour devenir des lettrés consommés, de fidèles et de nobles copies de nos anciens maîtres, et de dignes modèles pour les étudiants, qui viendront après eux. Quiconque sera convaincu de parler avantageusement des deux sectes de Fo et de Lao, et d’avancer témérairement, que leur doctrine convient pour le fond avec le Iu kiao, ou la secte littéraire ; quoique de telles gens louent d’ailleurs en public la doctrine de l’empire, on doit les regarder comme de secrets partisans de ces hérésies, et juger qu’ils en sont infectés : ainsi ils ne doivent point être admis au nombre des académiciens.


REMARQUE.


Les deux sectes de Fo et de Lao donnent pour principe et pour fin de toutes sortes de choses, le vide et le néant. Ainsi leur idolâtrie envers Fo et Lao conduit à l’athéisme ceux qui approfondissent les mystères. Ceux qui disent à la Chine, que la secte littéraire, et la secte de Fo et de Lao ne font qu’un, San kiao y kiao, font de Confucius une idole, qu’ils placent avec les idoles de Fo et de Lao : cela est rare et en horreur parmi les lettrés : les mandarins y mettent ordre, si on les en avertit, et punissent les auteurs.


II

Seconde qualité pour être admis : une réputation saine, et une sincère application à tous ses devoirs. Les gens de lettres, qui dans leur domestique sont parfaitement obéissants à leurs parents, respectueux pour leurs aînés, qu’on voit au dehors réservés dans leurs paroles, sincères dans leurs manières, intègres et réglés dans leur conduite, attachés scrupuleusement à l’ancienne doctrine ; enfin loués généralement des parents, amis, et voisins : voilà les personnes qu’on doit agréger.

  1. Par opposition aux hérésies Y-touan, nommément des sectes idolâtres des bonzes, et des tao sse, qui depuis longtemps ont inondé la Chine.