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III

Troisième qualité pour le choix des sujets. Que ce soit des lettrés retirés et désintéressés : tous ces esprits brouillons, intrigants, et tumultueux, peu jaloux de la réputation d’un homme d’honneur, qui pour un intérêt sordide courent sans cesse les tribunaux, se mêlent de cent affaires souvent injustes, emploient ou suggèrent mille fourberies, et qui à peine savent dire une parole de vérité ; ces grands parleurs, gens sans retenue, et dont la conduite déréglée fait un si grand tort à la réputation de la secte littéraire, qui cherchent à entrer dans l’académie, pour se faire un nom, et qui enflés d’une vaine éloquence, se proposent d’y dominer sur tous les autres : tous ces gens-là en seront exclus, et l’on ne souffrira point qu’ils prennent place parmi les académiciens.


IV

On doit examiner rigoureusement ceux que l’on y agrège. Quand quelqu’un souhaitera d’entrer dans cette société, il faut qu’un des anciens le présente. D’abord il le fera connaître au syndic : celui-ci en parlera au président de l’académie, qui fera les perquisitions nécessaires sur la vérité des informations, données par l’introducteur : s’il les trouve favorables et sûres, il consentira qu’il soit agrégé. Alors il offre un billet de visite où est son nom et son surnom, au président qui lui marque le jour qu’il doit venir, et auquel il aura rang dans l’assemblée.


V

Comment on doit retrancher du corps les membres gâtés, pour prévenir ce qui pourrait nuire au bon ordre de l’académie. Il peut arriver qu’il y en ait dont la vertu ne soit pas de durée, qui viennent à se déshonorer, en manquant aux devoirs les plus essentiels, et qui par contre-coup flétrissent le corps dont ils sont membres ; qui dans les assemblées ne fassent que peu de cas des statuts et qui hors des assemblées soient vains, orgueilleux, dissolus, railleurs, fourbes ; en un mot, qui ne se règlent que par les fausses maximes du siècle. Les académiciens tiendront conseil sur de tels agrégés : ils effaceront leurs noms, et ne leur permettront plus d’entrer dans les assemblées. De plus, on examinera tous ceux de la compagnie, qui auront été leurs introducteurs, et qui se seront faits leurs cautions et on verra par là de quel poids doit être leur témoignage.


VI

Sur la construction de l’édifice où se tiendra l’Assemblée. Le mandarin de la ville choisira un vaste terrain, dont la situation soit saine et agréable, Ensuite on amassera de quoi construire le bâtiment : selon les fonds qu’on aura, on en tracera le plan plus ou moins magnifique : dans la salle du milieu tchong tang, qui est après celle des assemblées, on mettra la tablette de Confucius : après quoi suivra une cour, et une troisième salle heou tang, où les académiciens iront se délasser, et prendre ensemble leurs repas. Quant à la dépense pour la nourriture, ou ce seront les académiciens riches et distingués, qui y fourniront généreusement ; ou chacun à son tour fera les frais ou plutôt ils s’uniront ensemble, pour faire un fond d’argent un peu considérable, dont on achètera des terres affectées à l’académie : c’est