Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/414

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

non interrompue, et de deux lignes coupées et interrompues, et désigne les montagnes. La montagne est le symbole de l’élévation, mais qui a sa racine dans la terre, c’est-à-dire, dans l’humilité. De même la terre désignée par les trois lignes supérieures qui sont brisées, est l’image et le symbole d’une haute vertu jointe avec l’humilité, qui cache dans son sein des richesses immenses, et qui ne produit au-dehors sa puissance, que par des fruits admirables et par des effets salutaires et utiles au bien des hommes.

Ainsi, comme l’on voit, Fo hi est l’auteur des figures, Ven vang et son fils Tcheou kong sont auteurs des textes, et ces textes ont été commentés par Confucius. Il appelle ces commentaires toen et siang. Ce sont les seuls que les critiques et les habiles interprètes attribuent à Confucius. Les disciples de ce philosophe assurent que quand leur maître eut achevé ses commentaires, il n’en fut que médiocrement content ; et que se voyant dans un âge avancé, il eût souhaité de pouvoir vivre encore quelques années, afin d’y mettre la dernière main, et de donner un nouveau jour à son ouvrage. Quoique ce monument soit le plus ancien de tous les livres canoniques, si l’on n’a égard qu’à sa source et à son origine, je veux dire, aux figures de Fo hi ; cependant les explications qui en ont été faites, sont venues fort longtemps après, et ceux qui les ont expliquées, méritent plutôt le nom d’auteurs que d’interprètes ; car ce livre est semé d’obscurités, et contient beaucoup de choses difficiles à comprendre.

Dans la suite des temps, cette obscurité a donné lieu à une infinité d’erreurs et de superstitions : moins on pénétrait le sens de l’Y king, plus on s’imaginait qu’il renfermait de mystères. La vraie doctrine contenue dans les textes, et qui renferme d’excellents principes de morale et de politique, fut altérée, falsifiée, et mélangée d’interprétations absurdes et pleines de contradictions et d’impiétés : ces monuments de l’antiquité chinoise tombant entre les mains de docteurs aveugles, et dont l’esprit était déjà gâté par l’infidélité et l’idolâtrie qui régnait dans l’empire, en détournèrent le sens à de vains pronostics, aux divinations et à la magie ; ce qui l’a fait appeler le livre des sorts.

On attribue ces altérations et ces changements au docteur King fang, et à un autre lettré célèbre nommé Tchin huen. On peut y ajouter un autre docteur d’un mérite également distingué, qu’on appelle Tsiao chin, lequel, comme dit un excellent critique, enseignait à ses disciples une doctrine qu’il voulait leur persuader faussement avoir tirée de l’Y king. L’école de Confucius a toujours eu horreur de ces vaines explications, par lesquelles on abusait des textes, pour en former des prédictions frivoles, et pour donner cours à la magie et au sortilège.

Ce qu’il y a de certain, c’est que tous les Chinois, et surtout les lettrés ont un respect et une estime infinie pour ce livre. Plusieurs auteurs anciens et très habiles, ont marqué dans leurs écrits le regret qu’ils avaient, de ce qu’on a perdu le sens intérieur que ce livre renferme, et que