Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/415

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ce qu’on en connaît, n’est proprement que l’écorce. Qui saurait l’Y king, disent-ils, saurait tout.

Avant le temps de la fondation de l’empire par Fo hi, selon ce que rapporte la grande chronique, il n’y avait point de caractères avec lesquels ce prince put composer un Y king, comme firent longtemps après Ven vang, Tcheou kong son fils, et Confucius ; ainsi quand on veut étudier l’Y king de Fo hi, il suffit de méditer ses tables seules, prises à part, et dépouillées de toutes sortes de caractères, et de gloses physiques et morales, se contentant des axiomes de mathématique, qui se tirent essentiellement de la combinaison régulière de ses lignes ; si on veut savoir la doctrine du livre classique composé par Ven vang, Tcheou kong, et Confucius, alors il faut moins avoir égard à la doctrine naturelle des tables, qu’aux allusions énigmatiques, que chacun d’eux a attachées à chacun de ces symboles, et juger de la doctrine de ces quatre philosophes, par ce que chacun y a mis de lui-même, et non pas par ce que d’autres y ont inséré dans la suite.

Comme donc avant Fo hi, on n’avait pas connu l’usage des caractères, on ne se servait dans le commerce et dans les affaires, que de petites cordes à nœuds coulants, dont chacune avait son idée et sa signification particulière. Elles sont représentées dans deux tables, que les Chinois appellent Ho tou, et Lo chu. Ce fut d’abord Fo hi, et ensuite les empereurs Chin nong et Hoang ti, qui inventèrent peu à peu les caractères ; et quand il y en eut un bon nombre d’inventés, on essaya alors de faire des livres.

Les premières colonies qui vinrent habiter le Se tchuen, n’avaient pour toute littérature que quelques abaques arithmétiques, faits avec de petites cordes nouées, à l’imitation des chapelets à globules enfilés, avec quoi ils calculaient et faisaient leur compte dans le commerce. Ils les portaient sur eux, et elles servaient quelquefois à agrafer leurs habits. Du reste n’ayant point de caractères, ils ne savaient ni lire ni écrire. Tout ce qui se passait alors, restait sans annales, et sans aucune tradition par les livres.

Le roi Fo hi fut donc le premier, selon cette opinion, qui par le moyen de ses lignes, donna l’invention et l’idée de cette espèce de caractères hiéroglyphiques particuliers aux Chinois. Les deux anciennes tables de Ho tou et de Lo chu lui apprirent l’art des combinaisons, dont le premier essai fut de dresser ses tables linéaires. Il ne s’était astreint qu’aux règles que prescrit l’art des combinaisons arithmétiques, et les tables étaient restées droites, et selon l’ordre naturel. Ce fut Ven vang qui les renversa le premier, pour exprimer énigmatiquement les terribles désordres du monde renversé sous le tyran Tcheou.

C’est une tradition ancienne, constante, et universellement reçue, que Fo hi par son ouvrage, a été le premier père des sciences et du bon gouvernement ; et que c’est sur l’idée du Ho tou et du Lo chu, qu’il a dressé sa table linéaire. Je vais en donner ici la description, pour faciliter, s’il se peut, l’intelligence d’un monument si ancien et si obscur.

La tradition porte, que deux antiques figures, appelées Ho tou et Lo