Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/418

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choisissait un de ses sujets, nommé Chun, pour lui succéder à l’empire, et il lui donna sa seconde fille en mariage.

On loue Chun de la patience, du respect, et de la soumission qu’il avait pour ses parents, et de l’amour qu’il portait à son frère, tout vicieux qu’il était. Il imita Yao dans le choix d’un successeur. Prêt de mourir, il jugea que son fils manquait des qualités nécessaires pour gouverner sagement l’empire ; il jeta les yeux sur un de ses ministres nommé Yu, qui lui avait rendu d’importants services pendant sa vie, et qui l’avait fort aidé de ses conseils dans l’administration de l’État.

Ces deux princes réglèrent les cérémonies qu’on devait observer dans les sacrifices, partagèrent l’empire en diverses provinces, marquèrent leur différente situation par rapport aux constellations célestes, réglèrent le tribut que le peuple devait payer au prince, et firent quantité d’autres ordonnances très utiles à l’instruction des Grands de l’empire, au soulagement des peuples, à la réformation des mœurs, et à la tranquillité publique.

Ce fut Yu qui durant la vie de son prédécesseur, prit le soin de faire écouler dans la mer les eaux, qui couvraient une partie des campagnes de l’empire. Enfin ces trois rois sont les héros de la nation : la doctrine qu’ils ont enseignée et pratiquée, les a placés sur le trône : leurs exemples et les enseignements qu’ils ont laissés à la postérité, sont pour les Chinois autant d’oracles, qu’ils écoutent avec respect, et autant de lois auxquelles ils sont obligés de se conformer.

Cet empereur voulut imiter ses prédécesseurs, et laisser l’empire à un de ses sujets nommé , qui l’avait aidé à porter le poids du gouvernement ; mais les peuples s’y opposèrent, en lui représentant qu’il ne devait pas faire cette injustice à son fils, qui était si digne du trône. Ce fils lui succéda, et la couronne passa successivement à ses descendants jusqu’à l’empereur Kié. Les vices et la cruauté de ce dernier prince, le rendirent un objet d’horreur, et il fut le dernier de cette première famille, qui donna dix-sept empereurs, et régna 458 ans.

La troisième partie du Chu king contient ce qui s’est passé sous la seconde famille impériale, dont Tching tang est le chef. Ce prince prit possession de l’empire 1.776 ans avant l’ère chrétienne. L’empereur Kié s’étant rendu infiniment odieux aux peuples et aux Grands, par ses vices, et par sa cruauté, et l’empire étant menacé d’une ruine prochaine, les princes et les ministres prièrent Tching tang de les délivrer d’un joug si tyrannique. Tching tang sollicité continuellement par les remontrances des peuples, se rendit enfin à leurs prières, malgré ses répugnances. Il déclara la guerre au tyran Kié : il le défit entièrement dans un combat, et l’obligea de s’exiler lui-même à Nan chao, où il mourut trois ans après sa défaite.

Ce nouvel empereur se distingua par sa piété, et par son amour pour les peuples. Ce fut lui, qui après sept années consécutives d’une stérilité générale, qui avait tari jusqu’aux rivières et aux fontaines, et qui fut suivie