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QUATRIÈME ODE
Conseils donnés à un roi.


Un extérieur grave et majestueux est comme le palais où réside la vertu ; mais on le dit, et il est vrai : aujourd’hui les plus ignorants en savent assez pour voir les défauts d’autrui, et les plus éclairés ne sont aveugles que sur leurs défauts propres.

Celui qui n’exige rien de personne au-dessus de ses forces, peut enseigner l’univers, et le vrai sage fait ce qu’il veut du cœur des hommes. Ne formez point de dessein où il entre le moindre intérêt : donnez de si bons ordres, que vous ne soyez pas obligé de les changer : ayez un certain air de probité et de vertu, qui réponde de ces deux points, afin de servir de modèle à tout le peuple.

Mais hélas ! ces sages leçons ne sont plus d’usage : tout est renversé, on est comme enseveli dans une ivresse honteuse, et parce que l’ivresse plaît, on ne pense plus au bon ordre, on n’étudie plus les maximes des anciens rois, pour faire revivre leurs sages lois.

L’auguste Ciel, dites-vous, ne vous protège plus ; mais il n’aime que ceux qui sont déclarés pour la vertu ; vous êtes au milieu du courant, craignez qu’il ne vous entraîne. Veillez sans cesse sur les moindres choses, en observant exactement l’heure du lever et du coucher, et en prenant soin que votre maison soit toujours propre : vous rendrez le peuple diligent à votre exemple en tenant vos chars et vos chevaux, vos soldats, et vos armes en bon état, vous éviterez la guerre, et écarterez les barbares.

Perfectionnez votre peuple, et observez le premier les lois que vous lui donnez, vous vous épargnerez par là bien des chagrins. Surtout pesez mûrement vos ordres, et ayez un soin extrême de votre extérieur ; alors tout sera paisible, tout sera bien. On peut ôter une tache d’un diamant, à force de le polir : mais si vos paroles ont le moindre défaut, il n’y a pas moyen de l’effacer.

Ne parlez donc jamais qu’avec grande réserve, et ne dites pas : ce n’est qu’un mot. Songez qu’on ne peut retenir votre langue ; et que si vous ne la retenez vous-même, vous ferez mille fautes. Les paroles pleines de sagesse sont comme la vertu, cela ne demeure point sans récompense : par elle vous assistez vos amis, et tous les peuples qui sont vos enfants, deviennent vertueux, en suivant d’âge en âge vos maximes.

Lorsque vous êtes avec de sages amis, composez-vous tellement, qu’on ne voie rien dans toute votre personne que de doux et d’aimable : dans votre domestique, qu’il ne vous échappe rien de déréglé. Enfin, quand vous êtes seul dans le lieu le plus secret de votre logis, ne vous permettez