Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/448

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des anciens livres : il s’en remplit l’esprit en faisant le choix des maximes les plus propres à former son cœur, et à inspirer aux peuples l’amour de la vertu. On le maria à 19 ans : il n’eut qu’une seule femme, qui lui donna un fils nommé Pe yu, qui mourut âgé de 50 ans. Celui-ci ne laissa qu’un seul héritier, qu’on appela Tjou sseë, qui marchant sur les traces de Confucius son grand père, s’adonna tout entier à l’étude de la sagesse, et parvint par son mérite aux premières charges de l’empire.

Quand Confucius fut plus avancé en âge, et qu’il crut avoir fait des progrès considérables dans la connaissance de l’antiquité, il se proposa de rétablir la forme d’un sage gouvernement dans tous ces petits royaumes qui composaient l’empire, et de procurer par ce moyen la réformation des mœurs : car alors chaque province de l’empire était un royaume distingué, qui avait ses lois particulières, et qui était gouverné par un prince.

A la vérité tous ces petits rois dépendaient de l’empereur : mais souvent l’autorité impériale n’était pas assez forte pour les contenir dans le devoir. Chacun de ces rois était maître dans ses États : il levait les tailles, imposait des tributs, disposait des dignités et des emplois, déclarait la guerre à ses voisins, quand il le jugeait à propos, et se rendait quelquefois redoutable à l’empereur même.

L’intérêt, l’avarice, l’ambition, le déguisement, la fausse politique, l’amour du plaisir et de la bonne chère dominaient dans toutes ces petites cours. Confucius entreprit d’en bannir tous ces vices, et d’y faire régner les vertus opposées. Il prêcha partout, autant par ses exemples que par ses instructions, la modestie, le désintéressement, la sincérité, l’équité, la tempérance, le mépris des richesses et des plaisirs.

Sa probité, l’étendue de ses connaissances, et l’éclat de ses vertus, le firent bientôt connaître. On lui offrit plusieurs magistratures, qu’il n’accepta que pour avoir lieu de répandre sa doctrine, et de réformer les mœurs. Pour peu que le succès ne répondît point à ses travaux, moins touché des honneurs dont il se trouvait revêtu, que de l’amour du bien public, il renonçait aussitôt à ses charges, quelque considérables qu’elles fussent, pour chercher ailleurs un peuple docile, et plus capable de profiter de ses leçons.

C’est de quoi il a donné plusieurs preuves en diverses occasions mais surtout lorsqu’à la 55e année de son âge, il fut élevé à une des premières charges du royaume de Lou sa patrie. En moins de trois mois le royaume changea de face. Le prince, qui avait mis en lui toute sa confiance, les Grands du royaume, et le peuple ne se reconnaissaient plus. Ce changement fut si prompt et si heureux, qu’il causa de la jalousie aux princes voisins. Ils jugèrent que rien n’étant plus capable de faire fleurir un État, que le bon ordre, et l’exacte observation des lois, le roi de Lou ne manquerait pas de se rendre trop puissant, s’il continuait à suivre les conseils d’un homme si sage et si éclairé.

Parmi tous ces princes, le roi de Tsi fut celui qui s’alarma davantage. Il tint plusieurs conseils avec ses principaux ministres et après de fréquentes